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La sorcellerie comme « solution » aux problèmes africains

La sorcellerie est une pratique courante dans de nombreuses sociétés africaines. Au Congo, la loi n’encadre pas la magie traditionnelle. Mzee Sumaili, est un ancien sorcier. Il explique à Habari RDC son métier. Interview.

Malédiction pour certains, médecine positive pour d’autres, beaucoup de Congolais continuent de croire à la sorcellerie. Originaire d’un village de la province du Sud-Kivu, cheveux blancs, s’appuyant sur sa canne en bois taillée sur mesure, Mzee Sumaili, 79 ans, est un ancien pratiquant de la magie traditionnelle. Avant, il faisait appel aux forces surnaturelles afin d’avoir une influence sur les gens et sur les événements. A l’époque, la pratique de la magie faisait partie de la culture ancestrale, avant la colonisation et l’ère de la mondialisation qui ont brisé beaucoup de coutumes en Afrique.

A l’époque, comment les gens devenaient sorciers ?

Sumaili : Je n’aime pas le mot « sorcier ». Je préfère magicien. Tout d’abord ça dépendait des rites, des traditions et des coutumes dans les anciens clans. Pour devenir magicien, il fallait avoir des capacités pour faire face aux choses mystiques, inhabituels. Il fallait avoir du sang-froid. C’était tout un processus, rempli d’épreuves à franchir afin de devenir magicien.

Après avoir été intégré au groupe restreint des pratiquants du village, il fallait ensuite faire plus d’efforts pour monter à un niveau supérieur, afin d’avoir la maîtrise de la pratique d’une magie puissante. Par exemple, certains devaient manger un cœur d’animal sauvage cru. D’autres s’abstenaient des relations sexuelles, etc. Si on échouait, on été écarté du processus. Il fallait réussir toutes les épreuves.

La pratique de la sorcellerie, a parfois des connotations négatives. Que diriez-vous aux détracteurs de la sorcellerie ?

Pratiquer la sorcellerie pour nuire à quelqu’un est un mal. Mais si tu pratiques ta magie pour le bien, par exemple pour guérir une maladie, résoudre un problème ou pour aider quelqu’un en difficulté, là c’est un véritable bien selon moi.

La sorcellerie c’est un peu comme une « science » : le bien et le mal. La médecine moderne fait face a cette question de l’éthique elle aussi. Certains utilise la médecine moderne pour soigner des malades et d’autres pour créer des nouvelles maladies et des virus nuisibles.

La magie traditionnelle peut-elle être une solution à nos problèmes actuels ?

Notre plus grande erreur actuellement, nous Africains, c’est que nous avons oublié nos origines, nos coutumes, nos ancêtres. Ça affecte notre réalité, notre quotidien. Nous avons des terres riches mais les gens meurent de faim.

Les colonisateurs nous ont fait un lavage de cerveau en nous imposant leurs religions pour exterminer nos connaissances. Nos racines ont été coupées. La clé réside dans l’information, la connaissance. La sorcellerie grâce à sa grande influence sur la nature, les événements, les choses et les hommes peut aider à restaurer cette grande richesse. Nous devons reprendre le pouvoir de faire les choses à notre manière et ne pas suivre aveuglément les occidentaux.

Avant l’arrivée des blancs on soignait toutes nos maladies. On parlait avec nos ancêtres afin d’avoir des révélations sur certains problèmes mystérieux et tout marchait bien. Pourquoi ne pas faire machine arrière et récupérer ces acquis perdus ? Les solutions à nos problèmes se trouvent dans nos traditions multiples. La source reste la référence.


 

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