Contrôle technique, permis de conduire semi-biométrique, contrôle de peinture jaune et numéro d’identification… C’est une multitude de choses qu’on exige des taximen de Kinshasa et qui menacent leur métier.
Ce jour-là vers 13h00, je me trouve à l’arrêt de bus de l’UPN pour aller à Kintambo Magasin. Sous un soleil accablant, je réussis à avoir une place à bord d’un de ces taxis de marque IST que nous appelons communément « Ketch ». Dans ce taxi, une chose attire particulièrement mon attention. Alors qu’il ne fait pas moins de 30 degrés, les vitres sont relevées à fond. Impossible de les descendre, seul le chauffeur peut le faire. Ne pouvant plus supporter cette étouffement, j’ai dû me plaindre au bout de cinq minutes. « Excusez nga maman, nazo banga tracasserie ya ba policiers. Mikolo oyo batomboki makasi » (excusez-moi, j’évite toute tracasserie policière madame. Les policiers nous dérangent beaucoup ces temps-ci).
Excuses acceptées, nous continuons notre chemin… Comme par hasard, à la radio de bord on parle des informations ayant trait au recyclage des chauffeurs kinois et sur le respect des panneaux de signalisation routière. C’est alors que notre chauffeur s’exclame « Ahhh, to sala bango nini na mboka oyo, toza na panneau nini na Congo ? » (qu’est- ce qu’on leur a fait dans ce pays, quels panneaux avons-nous au Congo ?) Cette question des panneaux a alimenté notre conversation tout le long du parcours. Je vous épargne les détails…
Fausse gratuité
En circulant dans la ville de Kinshasa, nous sommes malheureusement contraints de constater qu’il n’y a que peu de panneaux de signalisation. Baser une formation sur des choses inexistantes semble être un faux investissement pour le taximan kinois. « Mais balobi que eza formation gratuite teh papa !, bongo tehn? » (C’est une formation gratuite, pourquoi tu refuses ?), lance ma voisine de droite au chauffeur. « Mama wana raison ba zui. Pona ko zua certificat na suka, il faut ko futa, donc suka suka eza kaka lar »… (Quand ils disent que c’est gratuit ce n’est qu’un prétexte, à la fin ils feront payer le certificat), rétorque le chauffeur tout en restant concentré sur son volant.
Disons que tous ces documents, contrôles et autres redevances imposées au chauffeur sonnent comme un coup de marteau sur les économies des détenteurs de taxis kinois ou plutôt une arnaque… Dans l’ensemble, le taxi peut payer jusqu’à 100 dollars le mois aux différents services de l’État ! Circulez dans la ville, vous ne verrez presque aucun panneau de signalisation. Pire encore, comment octroie-t-on les permis de conduire aux chauffeurs s’ils ne remplissent pas toutes les conditions ? Ne sommes-nous pas censés connaître le code de la route avant d’obtenir notre permis de conduire ? Comme disent les Kinois : « L’Etat atalela biso likambo oyo … ! » (Puisse l’État nous trouver une solution à ce problème).