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« Tribunal sur le Congo, audiences de Kolwezi » : un pas vers la démocratisation de la parole

Les « Audiences de Kolwezi » constituent la quatrième étape du « Tribunal sur le Congo » initié par le réalisateur suisse Milo Rau. Il s’agira de juger du 9 au 11 décembre prochains quatre cas biens réels de violations des droits humains à Kolwezi, ville minière où Glencore, une multinationale suisse exploite deux des plus grandes mines de cobalt au monde.

Le but est d’examiner et de déterminer les responsabilités des uns et des autres (élites politiques comme exploitants miniers) dans ces violations graves des droits de l’Homme, à Kolwezi.

Cette envie de démocratiser la parole se dessine clairement dans le fait pour l’organisation de faire défiler lors de ces audiences, diverses personnalités nationales et étrangères. Ainsi, outre le metteur en scène Milo Rau, la journaliste belge Colette Braeckman, y sera en qualité de membre du jury international. Coté congolais, le président du « Tribunal sur le Congo », maître Sylvestre Bisimwa sera accompagné de sa collègue Céline Tshizena, dans le rôle  de procureur. Experts et témoins seront aussi entendus. C’est entre autre, Barthélémy Mumba Gama, ancien ministre des Mines de la province du Katanga et Lumbwe Nseba, victime de l’accident de Tenke.

Du rêve à la méditation de la mémoire

Oui, « c’est du choc des idées que jaillit la lumière », dit-on. Mais que peut-on espérer d’un tribunal simplement symbolique dans la résolution d’un conflit réel comme celui-ci, alors même que les conclusions d’un rapport des violations des droits de l’Homme de l’ampleur du Rapport Mapping (Nations Unies, 2010) qui a recensé plus de 600 crimes perpétrés à l’Est, sont restées sans suite ? Il est évident que les « Audiences de Kolwezi » ne suffiront pas à résoudre ce problème.

Néanmoins, on ne peut pas ne pas leur reconnaitre le mérite de susciter le débat, donner de l’espoir, mettre en lumière une utopie, rêver car le rêve permet de prédire l’avenir. C’est Jung qui en parle le mieux : « Ils (les rêves, NDLR) ne trompent pas, ils ne mentent pas, ils ne déforment pas… Ils cherchent à exprimer quelque chose que l’ego ne sait pas et ne comprend pas. Ils nous montrent la vérité mature. »

En plus, le fait pour ce tribunal fictif de s’intéresser à la question des cas de violations réelles de droits de l’Homme, pourrait interpeler les décideurs et les pousser à instituer un cadre de recherche des solutions, en matière d’exploitation de nos ressources minières. N’est-ce pas aussi cela faire de l’art ?

En donnant la parole à ceux qui n’ont pas toujours la chance de s’exprimer, les « Audiences de Kolwezi » réussiront à nourrir le rêve d’un avenir meilleur. Il faudra peut-être lire Nkhensani Mkhari pour comprendre que « rêver sert à méditer la consolidation de la mémoire et la régulation de l’humeur ».

 

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