Les civilisations les plus ordonnées se remémorent souvent les événements heureux et malheureux de leur parcours. Cela concourt à la consolidation de la mémoire collective, socle de l’identité culturelle d’un peuple. Mais que faisons-nous des événements de notre histoire en RDC ? Ici, je vous parle de la guerre de six jours à Kisangani.
Si on ne sait pas d’où l’on vient, on ne saura jamais où l’on va, dit-on. Et c’est une vérité. Pourtant, les autorités congolaises semblent soustraire la guerre de six jours (du 05 au 10 juin 2000) de la trajectoire historique du pays. Je le dis parce que chaque année, les autorités tant nationales, provinciales que locales, n’initient aucune activité commémorative officielle. Seules les associations essaient de réveiller comme elles le peuvent la communauté.
Face à l’inaction de l’Etat, les citoyens prennent l’initiative
21 ans après, un groupe de jeunes décide de re/construire la mémoire collective autour de la guerre de six jours. Bien sûr, avec les moyens du bord. Il l’a fait à travers une commémoration dénommée Ukumbusho (se souvenir en swahili). Une randonnée culturelle comprenant plusieurs activités.
Il s’agit d’une première édition organisée à Kisangani du 05 au 17 juin 2021 avec des activités suivantes :
1. Un culte œcuménique
L’église Meda Christ, la communauté islamique de Kisangani, l’église catholique et d’autres confessions religieuses ont organisé des cultes et des messes. Le 05 juin (date du début de la guerre en 2000) a été choisi par les organisateurs pour cette activité. Objectifs : adresser des prières à Dieu en faveur des victimes de cette ignoble barbarie ; et rappeler aux fidèles l’histoire de cette guerre.
2. Une conférence-débat
Le 07 juin, l’amphithéâtre de l’université de Kisangani devait servir de cadre à une conférence-débat. Au programme, le message télédiffusé du prix Nobel, Dr Mukwege, insistant sur la justice transitionnelle. Ensuite, le professeur Alphonse Maindo, lui, a retracé l’historique de la guerre, y compris ses facteurs sociologiques. De son côté, Me Adrien Banutia a abordé le plaidoyer mené jusqu’ici par le groupe Lotus sur cette affaire.
3. Un échange avec les élèves
La dernière activité, celle du mercredi 16 juin, s’est focalisée sur les élèves en vue de les informer suffisamment sur la guerre de six jours. Quant à moi, en voyant toutes ces activités, j’ose croire que 21 ans après, les âmes des victimes commencent à se reposer en paix.
De nos jours, et surtout dans la culture congolaise en prise avec la mondialisation et le christianisme qui l’accompagne, on a tendance à croire que les liens ancestraux qui identifiaient en soi un peuple jadis, est un péché abjecte qu’il faille abrogé afin d’embrasser la civilisation occidentale. Et ce, dans le seul but d’assujettir perpétuellement l’homme noir. Et ce dernier sans réfléchir, se jette dans le filet tendu comme un poisson. On se refuse le droit de penser par soi-même, question de déceler le vrai du faux.
Pour en revenir à la commémoration de la guerre de 6 jours à Kisangani, puisque c’est de cela qu’il s’agit, je suis tenter d’affirmer que dans ce domaine précis, consistant à se rappeler les faits marquants de son histoire afin de nous permettre d’une part de faire une auto-évaluation et d’autre part se rendre compte du chemin parcouru jusque-là et les causes nobles pour lesquelles nous nous sommes sacrifié ; nous ne parlons pas le même langage.
Alors que c’est exercice devrait être pour nous une obligation. Et ce, pour des raisons anthropologiques.
Mais force est de constater que la majeure partie de la population congolaise semble souffrir d’une amnésie collective.
Heureusement, une lueur d’espoir se laisse apercevoir au travers des collectifs et ONG…