Être une bonne, ce n’est pas un emploi comme les autres. Cela n’exige pas un diplôme ni un concours d’embauche. Tu t’informes simplement auprès des familles aisées. Te prendra celui ou celle qui voudra. Et on te renverra de la même manière.
Comment trouve-t-on un boulot de bonne ou de boy ? Il n’y a jamais d’offres de recrutement affichées quelque part, ou annoncées à la radio. Tu parcours simplement les meilleurs quartiers de la ville en frappant à chaque portail des maisons pour poser cette question : bonjour, avez-vous besoin d’une bonne ici ? Si oui, tu as le job. Si non, tu continues ta quête. Mais c’est pas facile comme boulot.
Pareil à l’esclavage
D’abord, c’est faute de mieux qu’on accepte de faire un boulot comme celui de bonne. Le salaire dépasse rarement 20 dollars américains par mois. Et il n’y a pas de contrat de travail. Souvent, ce sont des femmes très pauvres, des filles orphelines et abandonnées par leurs tuteurs, etc., qui, n’ayant pas d’autre solution, accèptent un tel travail. En fait, c’est un sacrifice, car les conditions sont proches de l’esclavage.
Madame Rosine (nom d’emprunt) la cinquantaine, raconte sa vie quotidienne de bonne en pleurant : « Je n’avais jamais imaginé que je serais réduite à faire de tels métiers dans ma vie. Il y a trois ans, j’ai perdu mon mari. Ensuite, mon fils, l’unique que j’avais. Je me suis retrouvée à dormir affamée, sans argent. C’est alors que j’ai accepté ce travail. Je n’avais pas le choix. »
Des femmes comme ça, je me mets à leur place. Ça peut être ma mère ou ma soeur. Rosine poursuit : « La femme de mon patron m’insulte même quand je n’ai pas mal agi. Un jour, elle m’a jeté un plat de haricot sur le corps, disant que c’était mal préparé. Elle me donne même ses sous-vêtements à nettoyer. Elle me prend pour une esclave. Vaisselle, lessive, cuisson, chercher les enfants à l’école, transporter des pierres dans leur nouveau chantier de construction … Tout ça c’est moi qui le fais. Et elle me paie parfois après deux ou trois mois ! »
Et savez-vous le salaire mensuel de Rosine ? 20 000 francs congolais (environ 12$USD).
Des cas d’agression sexuelle
Je connais aussi des cas où des bonnes couchent avec leurs patrons. Je ne sais pas si je peux appeler cela viol ou aggression sexuelle. Mais lorsqu’une femme (dans ce cas en position de faiblesse) est sollicitée pour des relations sexuelles, elle ne peut que se soumettre de peur de perdre son boulot.
L’année dernière, alors que J’étais en voyage à Kinshasa, je me souviens que dans le quartier Kauka où j’habitais, une bonne de 28 ans a été rendue grosse par le jeune frère de son patron. Pour cette « infraction », elle a été renvoyée avec sa grossesse, mais le garçon reste impuni et vaque paisiblement à ses occupations. Je pense qu’il est temps de réglementer le métier des bonnes. Elles sont sans protection et victimes de beaucoup d’abus.