Depuis toujours, le travail dans le secteur minier est dominé par les hommes. Creuser, casser les pierres, trier ou laver la matière première, c’est propre à la force masculine. Mais ça, c’était avant. Aujourd’hui, la femme est à la conquête de tout.
Mercianne est l’une de ces femmes décidées à travailler dans les mines artisanales du Sud-Kivu. Elle vit dans le territoire de Walungu. Elle fait partie des « twangeuses » [du verbe kutwanga en swahili] qui veut dire piler. Ce sont des femmes qui cassent les pierres, trient et lavent sable et minerais dans les carrières des mines artisanales d’or et de cassitérite du Sud-Kivu. D’aucuns diraient que son histoire est triste, que son enfance lui a été volée. Mais c’est bien cela sa vie et sa force depuis 20 ans. « J’avais 10 ans quand ma mère m’amenait avec elle vendre à manger dans des carrières minières. A mes 18 ans, je me suis mariée et j’ai continué à faire ce travail », explique Mercianne.
De grands risques presque pour rien
Depuis quelques années, Mercianne est une femme leader parmi ses paires, fière de vivre de ses efforts personnels. Pourtant, elle reconnaît sa peine et se dit délaissée pas l’Etat qui n’appuie pas les initiatives économiques des femmes. A l’écouter, on devine vite qu’elle parle de l’exploitation de la femme par l’homme.
« Je gagne 200 francs congolais [environ 0,12$] pour 25kg de sable transportés. Même si je les transporte 10 fois, je ne sais pas nourrir ma famille. Mes enfants ne peuvent aller à l’école. Pendant ce temps, sur mon corps j’encaisse des chocs difficiles à soigner », se plaint Mercianne.
Il a fallu une coopérative pour un début d’accompagnement, mais à la campagne, le travail est rude. Car, ajoute-t-elle, « les patrons ne sont pas sensibles malgré les efforts de la coopérative. Nous sommes souvent poussées à voler pour bien nouer les deux bouts. »
La femme du Kivu aurait-elle plus de chances ?
La paysanne congolaise est une femme pauvre, sans salaire, et parfois exploitée là où elle aurait dû avoir la chance d’être bien payée après les sévices rendus. Elle doit se débrouiller entre plusieurs petites tâches pour nourrir ses nombreux enfants. Mais grâce à des sensibilisations par des organismes de la société civile, plusieurs femmes se réveillent. C’est le cas dans le Sud-Kivu où les mines sont ouvertes aussi aux femmes plus qu’à leurs semblables de l’ex-Katanga.
« Chez nous, explique Mercianne, la femme n’a aucune restriction à accéder aux carrières minières. Nous sommes de plus en plus nombreuses. Mais personne ne veut financer nos actions pour améliorer nos conditions. Paradoxalement, s’étonne-t-elle, j’apprends que la femme du Lualaba (dans l’ex-Katanga) n’a pas accès à la carrière. C’est injuste », déplore-t-elle.
La femme ne devrait pas…
Ailleurs, toujours au Congo, des femmes sont au champ. Un travail où elles ne sont certes pas exposées aux dangers des mines, mais où la situation n’est guère enviable. Cultiver, c’est parfois plus dur pour les plus pauvres. Puisqu’il faut attendre de longs mois pour manger la récolte, qui parfois, ne peut atteindre la prochaine saison agricole.
La dernière session de l’Investissement durable au Katanga (IDAK) tenue en mars à Lubumbashi, m’a fait comprendre combien les entreprises minières ont peu de bienveillance. Des capitalistes à outrance, qu’ils soient congolais ou expatriés.
Je pense que lorsque la femme prouve qu’elle peut tout essayer, comme les hommes, elle ne devrait pas subir le mépris. Quand elle fournit des efforts, jusqu’à travailler dans des conditions plus rudes, elle devrait être encouragée.
Il Est capital de s’organiser à la base et Construire un réseau fort afin d’affronter les défis sociaux…