Quelqu’un qui détourne les deniers publics a souvent tendance à se lancer dans des dépenses de luxe ou à acquérir de nombreuses possessions. Un jour, lors d’une discussion dans un bus à Kinshasa, un maçon nous montrera un immeuble de trois étages où il fut employé, nous révélant qu’il appartient à un ancien ministre aujourd’hui aux arrêts.
Il existe des personnes qui peuvent mieux que quiconque renseigner la justice et l’Inspection générale des finances. De telles personnes, il vaut mieux les entretenir, les récompenser.
Qui peut savoir à qui appartient tel terrain, tel immeuble, telle concession, si ce ne sont les maçons qui y étaient employés pour la construction, les agents de sécurité commis à la surveillance et d’autres prestataires de ces lieux ?
Un internaute a même fait une blague dessus en parlant des motocyclistes qu’il fallait respecter, car, ce sont les seuls qui savent où se rendent les filles pour rencontrer leurs amoureux en cachette. Mais au lieu de limiter cela à des discussions de bar et de bus, pourquoi ne pas en faire une profession ?
« Un aviseur fiscal »
C’est ainsi que l’on nomme une personne qui n’est pas membre de l’administration ou de la fonction publique, mais qui possède des informations précises relatives à une fraude ou à un détournement.
Si les informations fournies par cette personne s’avèrent vraies, elle est rémunérée. Cette personne peut être un opérateur de saisie qui dans l’exercice de ses fonctions rédige un document contenant des faits de cette nature. Un maçon, un agent de sécurité, un technicien de surface, un chauffeur de taxi, etc.
Le problème est très souvent que nombreux hésiteront, car, ne sachant pas si ceux auprès de qui ils font la dénonciation sont de mèche avec ceux que l’on dénonce, ou si, ils tireront parti de ces données pour faire du chantage et étouffer l’affaire. C’est à ce stade que la technologie et l’anonymat peuvent jouer un rôle déterminant. Aux États-Unis ou en Corée du Sud, de tels dispositifs existent et permettent à la police ou aux services financiers de constituer des éléments contre des malfaiteurs, délinquants et agents corrompus.
Le fait que les informations fournies se doivent d’être précises, laissent peu de place au colportage et nécessitent une certaine méthodologie.
Des avocats juniors, économistes et informaticiens en herbe ne peuvent-ils pas créer des sociétés innovantes de ce genre pour traquer nos millions et devenir millionnaires à leur tour ?
*Cet article est écrit avec l’appui technique d’Internews, grâce au financement de la coopération suédoise, l’USAID et la coopération suisse. Les opinions partagées dans cet article ne reflètent pas nécessairement les vues de l’Agence suédoise de développement international (ASDI), de l’USAID, du gouvernement suédois et du gouvernement des États-Unis.