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Vol des diamants à la Miba : le procès très attendu accouche d’une souris

Il y a eu un procès à Mbujimayi, mais pour quel résultat ? Alors que la Miba est saignée à blanc par ceux qui la gèrent, la justice appelée à se prononcer sur les multiples cas de vol de diamant dans cette entreprise, s’est montrée complaisante en donnant une parodie de jugement : juste 2 ans de prison contre le principal accusé. Je m’oppose à ce verdict destiné à distraire la population.

J’entends dire que le pouvoir judiciaire a retrouvé son indépendance en RDC et que l’époque d’une justice au service des puissants est révolue. Moi, j’ai plutôt un avis contraire au regard de ce qui s’est passé à Mbujimayi dans le procès de vol de diamant ayant opposé le ministère public au prévenu Jean Pierre Tshibangu, chef du service classement de la Miba. C’est triste et même surprenant !

Une peine insignifiante

Le prévenu encourait 10 ans de prison ferme pour vol de matières précieuses, en l’occurrence un diamant vert à la Miba. A la surprise générale, il n’a  écopé que de 2 ans de servitude pénale. Le juge n’a évoqué aucune circonstance atténuante pour justifier cette peine qui me semble trop clémente. Plutôt que de se sentir offusqué par ce verdict, le ministère public donne l’impression d’être totalement satisfait. C’est plutôt la partie civile qui a fait appel de ce jugement.

A la Miba, on ne vole pas seulement, on remplace aussi les pierres de grande valeur marchande par celles de moindre valeur. C’est une pratique qui a fait perdre à la Miba plus de 3000 carats de diamant selon le rapport d’un expert réquisitionné par l’ancien directeur général Albert Mukina. J’attendais que la justice approfondisse des enquêtes sur cette pratique confirmée durant le procès par certains renseignants. Mais hélas ! Le tribunal a fermé les yeux, privant la population d’une belle occasion de savoir ce qui s’est réellement passé ces dernières années dans les shipments de la Miba.

Le procès de la honte

A la Miba, tout le monde le sait bien. Dans la zone dite de haute sécurité de cette entreprise, un agent ne peut pas seul subtiliser un diamant. Pour y parvenir, il doit y avoir une grande complicité de différents services commis à la centrale de triage. D’accord, je veux dire que le chef du service classement ne devait pas être le seul suspect dans la disparition le 29 janvier 2019 du diamant Fancy Green de 2.30 carats. Le tribunal aurait dû entendre aussi les responsables de l’électricité pour comprendre pourquoi la coupure du courant est survenue et comment le rétablissement de l’électricité a pris trop de temps.

Le tribunal aurait dû aussi entendre le chargé des caméras de surveillance pour expliquer pourquoi les 13 caméras de surveillance (dont 4 dans la zone de haute sécurité) ne fonctionnaient pas depuis octobre 2018. Rien de tel n’a été fait. De bout en bout du procès, seul le responsable du service classement a été mis en cause. Sans tergiverser, je peux dire que l’organe de la loi n’a pas fait correctement son travail.

Finalement un procès pour rien

Au regard du dénouement de cette affaire, je pense que la justice n’a fait qu’énever le public. Car elle a plutôt semblé tolérer les actes illicites décriés à la société Minière de Bakwanga. La population souhaitait ardemment que le tribunal sévisse avec la plus grande fermeté contre ceux qui volent, détournent et remplacent les pierres précieuses au sein de cette entreprise qui peine à se relever. Mais quelle mauvaise surprise !

J’avoue que ce procès m’a déçu, mais je n’ai pas totalement perdu espoir. J’espère que le procès en appel va corriger ce verdict complaisant du tribunal de grande instance de Mbujimayi.

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