En RDC, la politique rime parfois avec la flatterie. On aime à s’amuser avec des slogans qui caressent dans le sens des poils le président en place. Le dernier slogan en date pendant cette période électorale, c’est « Aza nanu ». Mais, qu’est-ce que cela signifie concrètement ? A l’époque de Joseph Kabila, on chantait « Wumela ! » Est-ce la même chose ?
En effet, le terme « Aza nanu » vient du lingala, l’une des quatre langues nationales. Traduit littéralement, il signifie : « Il est encore là. » En d’autres termes, vous pouvez tout dire, ça ne change rien, car le président est encore au pouvoir. Il n’a pas encore fini sa mission ou son mandat. En fait, c’est un appel à laisser tranquille l’actuel chef de l’État, parce qu’il est en plein dans son mandat constitutionnel.
Ceux qui critiquent le pouvoir de Félix Tshisekedi, tordent volontairement le sens de « Aza nanu ». Ils l’assimilent au fameux « Wumela » de triste mémoire. Pourtant, Wumela, en vogue du temps de Joseph Kabila, invitait clairement celui-ci à demeurer président de la République le plus longtemps possible. On pouvait également entendre des slogans flatteurs comme : « Kabila désir », « To tondi yo nanu té », et bien d’autres slogans qui allaient dans le sens de dire au « Raïs » : ce pays ne peut rien sans toi.
Une différence !
Entre « Aza nanu » et « Wumela » il y a clairement une différence et pas la moindre. Je m’explique. On disait « Wumela » pour un Kabila qui se maintenait au pouvoir alors qu’il avait déjà épuisé tous ses deux mandats constitutionnels. C’est avec lui que le terme « glissement » était en vogue. Des concepts contre lesquels l’opposition et la Cenco étaient vent debout à l’époque.
Quant à Aza nanu, c’est une autre histoire. Il ne s’agit nullement de demander au président de s’éterniser au pouvoir, mais plutôt de laisser Félix Tshisekedi profiter de son mandat qui court encore. Ainsi, qualifier Aza nanu d’un appel à s’éterniser au pouvoir, c’est sortir du contexte et c’est de la désinformation.
De ce qui précède, je pense que les choses sont claires. « Aza nanu » ne pose aucun problème à la démocratie, parce qu’il n’appelle pas Tshisekedi à rester au pouvoir à vie. Bien plus, Fatshi dispose encore du droit constitutionnel de briguer un second mandat. « Aza Nanu » n’est donc pas synonyme de « Wumela » !