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Le tribalisme s’invite dans la crise post-électorale en RDC

Jamais on n’avait imaginé que l’argument tribal serait au rendez-vous en RDC une fois Kabila parti du pouvoir. C’est avec une certaine incrédulité que l’opinion découvre l’émergence du phénomène de haine tribale dans une ville comme Kinshasa qui s’est toujours illustrée par sa tolérance et son brassage culturel.

L’affaire a tellement secoué la société congolaise qu’une dizaine d’ONG a signé une déclaration condamnant tout recours aux considérations ethniques pour faire entendre des revendications politiques. Nul n’ignore que la question tribale a toujours été une problématique majeure dans ce Congo grand comme l’Europe occidentale. Bien sûr, on connait l’existence de nombreux préjugés entre communautés dans la métropole kinoise. Par exemple, il y a ceux qui sont désignés comme comptables de tous les péchés du régime de Kabila, mais également ceux qu’on considère comme arriérés socialement parlant, ou encore ceux qu’on traite de peuple sans valeurs morales. Tout cela se limite à des considérations sociales sans aucune conséquence majeure sur le vivre-ensemble dans la capitale de la République démocratique du Congo.

Mais après les élections, il faut avouer que l’opinion a été choquée d’apprendre que la haine tribale ou l’appel à la haine tribale devenait un outil de lutte politique. En tout cas, au niveau national à ma connaissance, c’est une affaire sans précédent. Et les organisations de la société civile ont raison de tirer la sonnette d’alarme.

Soubresauts d’après-élection

Depuis 2006, les Congolais ont coutume de se tenir sur leur garde quand vient la période post-électorale, avec son lot de contestations des résultats et de répressions sanglantes. Pour les élections du 30 décembre 2018, on s’attendait à des violences semblables à celles qui conduisirent Jean-Pierre Bemba en exil ou qui poussèrent Kabila à assigner Etienne Tshisekedi à résidence pour une durée indéterminée. Curieusement, cela n’a pas été le cas en 2019. Certes, on a eu un processus électoral tellement controversé que des organisations internationales comme l’Union africaine en ont mis en doute les résultats. Mais on a enregistré globalement peu d’incidents dramatiques comparés aux scrutins précédents.

Cette brusque montée de tension ethnique est grave, même si elle peut être considérée comme des dégâts collatéraux et inattendus de la période post-électorale. En effet, faute d’avoir trouvé assez de ressources pour batailler sur le terrain purement politique, les protagonistes désespérés ont sans doute cherché à activer la fibre ethnique. Ce qui est condamnable.

Lutter contre toute forme de manipulation ethnique

Il est impérieux d’empêcher  les politiques de se servir des frustrations tribales à leur profit. C’est à ce prix seulement que la survie de la RDC en tant que nation pourra se réaliser. Le fait que ce pays soit aussi grand qu’une partie de l’Europe, et qu’aucune ethnie ne puisse se dire marginalisée de façon systématique, a sans doute permis d’éviter toute velléité de dislocation. La lutte pour le pouvoir doit rester sur le terrain politique et ne jamais déborder sur les sensibilités ethniques. On peut encourager les enfants d’une même famille à militer dans deux courants politiques opposés selon les convictions de chacun. C’est ça la diversité des opinions que l’on recherche.

 

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