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Trois raisons qui expliquent la défaite de Katumbi

Ici je ne fais qu’exprimer mon opinion. Cela n’exclut pas que je sois en erreur. Mais je suis convaincu que si Moïse Katumbi était autorisé à être candidat à la présidentielle de 2018, il aurait été élu massivement, au vu de la popularité dont il jouissait à l’époque. Mais de là jusqu’en 2023, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Et trois raisons ont, à mon avis, causé la défaite électorale de l’ancien gouverneur du Katanga.

La politique est dynamique, dit-on. Les circonstances et l’environnement politique d’il y a cinq ans ne sont pas forcément les mêmes aujourd’hui. Soit on s’adapte, soit on reste déconnecté de la réalité. Moïse Katumbi a perdu le scrutin pour trois choses.

      1. Une stratégie de campagne électorale inadaptée

Malgré les gros moyens dont il disposait pour faire sa campagne, Moïse Katumbi s’est entouré de gens qui, selon moi, n’étaient là que pour lui sucer de l’argent. A l’exception de Matata Ponyo, tous les autres de ses soutiens ne lui ont pas rapporté grand-chose comme voix aux élections. D’abord, quel poids politique avaient Seth Kikuni, Franck Diongo et Delly Sesanga pour conduire Moïse Katumbi à la victoire ?

Tous les leaders politiques qui soutenaient Félix Tshisekedi étaient dans leurs provinces respectives pour mobiliser et préparer le terrain en faveur de leur candidat. Par contre Seth Kikuni, Franck Diongo et les autres préféreraient suivre Katumbi partout où il devait tenir ses meetings. Ils auraient dû au moins l’aider à mieux peaufiner son discours de campagne qui laissait à désirer, mais ils ne l’ont pas fait. Dans ces conditions, les choses ne pouvaient qu’être compliquées le 20 décembre. Il y a aussi le fait que pendant sa campagne électorale, Moïse Katumbi n’est pas allé partout dans toutes les provinces à la rencontre des électeurs. On ne l’a pas vu par exemple dans le grand Kasaï, pour ne citer que cet exemple. Pourtant, cette région héberge également des millions d’électeurs qui ne sont pas forcément pro Tshisekedi.

      2. Les effets de la loi Tshiani

Lors des élections de 2018, il n’y avait pas de loi Tshiani. Cette proposition de loi, initiée par Noël Tshiani et portée par le député Singi Pululu, a vu le jour en 2021. En réalité, son objectif était de barrer la route de la présidentielle à Moïse Katumbi. Même si elle n’a pas été votée au Parlement, la loi Tshiani a eu un impact réel sur la population. Beaucoup de Congolais y ont cru.

Par ailleurs, le contexte sécuritaire de la région de Grands lacs moins favorable à notre pays, a joué. On parlait de temps en temps d’infiltrés étrangers dans l’armée, l’appareil sécuritaire et le renseignement militaire congolais. Dans ces conditions, un discours faisant la promotion d’être Congolais « de père et de mère » avait beaucoup de chances d’être consommé en campagne électorale par la population congolaise. Beaucoup y voyaient un gage de protection de la souveraineté nationale. A mon avis, les partisans de la loi Tshiani étaient plus nombreux qu’on ne le croyait, même s’ils ne l’exprimaient pas ouvertement. Mais dans l’isoloir, chacun est seul face à sa conscience.

Je pense donc que c’est l’ombre de la loi Tshiani qui a fait tomber Katumbi. Surtout lorsqu’on faisait passer en boucle sur les réseaux sociaux la déclaration où il dit : « Mon père est Juif, mon père est blanc. Je ne peux pas renier mon père à cause de la politique. » Dans l’entendement de plusieurs Congolais, cela signifiait que Katumbi ne peut pas renier sa nationalité juive à cause de la politique. Et le candidat Tshisekedi a surfé dessus en disant : « Faites attention aux candidats de l’étranger. »

      3. Le silence sur l’agression du Congo par le Rwanda

La troisième raison de l’échec de Katumbi c’est son refus de mentionner ouvertement le nom du pays agresseur de la RDC. Tout au long de sa campagne électorale, le candidat numéro 3 a eu beaucoup de mal à s’exprimer sur la guerre du M23. Il n’a jamais condamné de manière directe Paul Kagame pour son soutien aux rebelles. Or, aujourd’hui dans l’esprit des Congolais, si vous êtes un leader politique, mais que vous ne pouvez pas designer le Rwanda et son président dans ce qui se passe dans l’est du pays, vous êtes automatiquement considéré comme ennemi du Congo. Les Congolais sont très sensibles à la situation de l’Est et très vigilants envers ceux qui balbutient au sujet du Rwanda.

Pour moi, cette omission répétée de condamner ouvertement Kagame a eu pour effet de nuire à l’image de Moïse Katumbi au sein de la population. Son patriotisme a été remise en question. Car, aujourd’hui s’opposer frontalement au Rwanda dans le contexte de guerre du M23, vous confère un statut de vrai patriote.

 

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Les commentaires récents (1)

  1. J’espère que ces trois raisons sont très bien argumentés pour justifier la tricherie du siècle. Par contre la désorganisation de la tricherie laisse la population maladroitement attribué ces résultats dans une confusion. Pour preuve à celà, tout se passe comme un non événement sur quasi totale l’étendue de la République ce qui est paradoxal en 2018 où tout le monde était inanime qu’il s’agissait d’une nomination qui avait plut à tout le monde au nom du changement. Pour 2023, l’hypothèse d’être entourer n’avait pas d’impact considérable que le bilan, voilà le sens profond du silence par rapport à la confirmation des résultats issus de la honte panafricaine.