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17 mai : les FARDC, une armée victime de sa propre histoire

Qu’on le veuille ou pas, les Forces armées de la RDC sont une armée victime de sa propre histoire. Une histoire qu’ignorent beaucoup de Congolais et qui est en leur défaveur. 

Voici quelques repères pour comprendre l’état actuel de la huitième armée d’Afrique.

Un mauvais départ dès le début

Le 30 juin 1960, la RDC devenait un pays indépendant. Malgré cette souveraineté, de nombreux postes clé au sein de l’Administration n’ont pas été occupés par des nationaux et étaient encore gérés par d’anciens colons belges. L’armée nationale congolaise comptait alors 24.000 hommes dont 1.000 officiers blancs. Les noirs les plus gradés étaient des adjudants.

Une polémique naît alors de l’interprétation des mots du chef d’Etat major, le général Emile Janssens. Après avoir dégradé pour indiscipline un sergent au camp Léopold II (actuel camp Kokolo), il sermonne les troupes présentes et écrit sur un tableau : « Après l’indépendance égal avant l’indépendance. » Ce que beaucoup interprétèrent comme le fait que le sort des soldats noirs ne changerait pas et que l’armée ne verrait pas émerger des officiers noirs. Ce qui mit le feu aux poudres et conduisit à la mutinerie du 5 juillet 1960. L’auteur belge Ludo de Witte écrit dans son livre L’assassinat de Lumumba : « Il ne s’agit pas d’un soulèvement contre le pouvoir légal, mais d’une rébellion contre le cadre des officiers belges, d’une rébellion en quête de revendications sociales ; d’une grève comme l’exprime Lumumba. »

Les soldats obtiennent le droit de choisir eux-mêmes leurs officiers et une hausse de salaires. Mais le mal est plus profond. Formés pendant la colonisation à étouffer toute tentative de révolte des Congolais contre le pouvoir colonial, l’armée a du mal à rester unie et le pays sombre dans le chaos.

Une armée au service d’un homme

La prise du pouvoir par Mobutu ne marque pas pour autant le renouveau. Tenant les rênes du pays, il utilise l’armée aux mêmes fins que les colons, avec en plus, le rôle de gendarme régional pour maintenir l’équilibre géopolitique dans l’intérêt des puissances occidentales.

En Angola, la participation des forces zaïroises aux côtés de l’Unita de Jonas Savimbi avec l’Afrique du Sud, contre le MPLA soutenu par Cuba et la Corée du Nord, va se retourner contre nous. Pour affaiblir l’Unita qui disposait de bases arrières au Zaïre, le MPLA appuie les ex-sécessionnistes katangais, en vue de déstabiliser le Shaba (Katanga).

Les guerres de Shaba I et II mirent à nu la fragilité d’une armée zaïroise formée plus à mâter les soulèvements intérieurs que les agressions venant de l’extérieur.

Que reste-t-il aujourd’hui des revendications des soldats de 1960 ?

Des cadres congolais : oui, il y en a. Nous avons aujourd’hui des officiers. Beaucoup trop même. Lors du recensement biométrique de 2009 qui affichait 129 395 militaires: 24,94 % étaient des officiers, 36,88 % des sous-officiers et 38,18 % des non gradés. Une pléthore consécutive à une politique mal définie, dans laquelle des ex rebelles auto-proclamés, voient leurs grades du maquis être reconnus après leur intégration dans les FARDC. A cela s’ajoutent ceux qui monnayent les grades.

Amélioration des conditions de travail des militaires

Jusque-là rien n’est fait dans ce sens. En plus, l’une des raisons de l’insécurité, tient au fait que les militaires sont hébergés dans des camps en plein milieu urbain, alors qu’il aurait été indiqué de les délocaliser. La formation, le détournement des soldes et la précarité sont autant de facteurs qui continuent de miner l’armée congolaise.

Reconnaissance des plus méritants 

Pas vraiment. La Force publique coloniale a servi sur de nombreux théâtres d’opérations pendant les deux guerres mondiales. Cependant, très peu a été fait pour reconnaître les mérites de ceux qui sont tombés au champ d’honneur et des survivants. Certains ont été honorés comme le général Masiala, les colonels Ebeya, Tshatshi, Lukusa ou le major Vangu. Cependant, le caporal Daniel Miuku, l’un des derniers survivants de la deuxième guerre mondiale est mort le 6 mai à Kinshasa, dans l’indifférence générale.

Mais cette armée congolaise n’a pas que de mauvais côtés. Mieux prise en charge, elle fera correctement son travail et sera capable de gros exploits. Or, tant que nous n’aurons pas réussi à exorciser le mal qui ronge les FARDC, le mot PAIX présent dans notre devise (Justice, Paix, Travail), sera encore un lointain idéal pour notre pays.

 

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Les commentaires récents (7)

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