Visiblement, les conséquences n’enseignent toujours pas ce régime. Le gouverneur Gentiny Ngobila a encore décidé de faire chevaucher trois événements d’envergure (dont un meeting de l’opposition) à Kinshasa le même jour. Comme ce fut le cas le 20 mai, la capitale s’apprête à vivre certainement de nouvelles tensions politiques le 24 juin 2023.
Initialement prévu le 17 juin à la place Sainte-Thérèse dans la commune de N’Djili, le meeting de l’opposition, voulu par le quatuor Matata, Katumbi, Fayulu et Sesanga, aura finalement lieu le 24 juin, toujours à Nd’jili. Ce report d’une semaine proposé par l’hôtel de ville de Kinshasa, pour des « motifs fallacieux » selon les opposants, suscitent diverses interrogations. « Nous sommes dans une nouvelle forme de dictature où on impose ce qu’on veut à près de 100 millions de Congolais. C’est regrettable pour un pouvoir qui se déclare être d’un Etat de droit », a fustigé dans un point de presse l’ancien Premier ministre Matata Ponyo. Il y voit une « peur du pouvoir » face à une opposition que le régime qualifiait pourtant de faible.
Imbriquer trois événements qui attirent du monde : l’objectif est clair !
Sur Internet, cette décision de Gentiny Ngobila alimente tous les débats, alors que Kinshasa sera, le 24 juin, le théâtre de deux autres événements. Au stade des Martyrs, l’artiste Ferré Gola a prévu de se produire devant au moins 80.000 mélomanes ; et à la salle Showbuzz, le célèbre pasteur ivoirien Wilfried Zahui a donné rendez-vous aux chrétiens pour sa première conférence dans la capitale congolaise. Selon plusieurs observateurs, l’objectif de Ngobila est simplement de « court-circuiter » le meeting de l’opposition comme c’était déjà le cas lors de la marche du 20 mai qui s’est soldée par des affrontements sanglants.
Pour le journaliste Lwarhiba, tout a été réfléchi en danse. « Ngobila dans sa petite blague veut à tout prix court-circuiter au lieu de répondre de sa mégestion à Mpoyi », a-t-il écrit dans un tweet. « Le gouverneur Ngobila croit faire échouer le meeting de l’opposition en le mettant le même jour que le concert de Ferre Gola au stade des Martyrs le 24 juin. Il se trompe, les Congolais sont déterminés à faire partir ce régime. Opposition n’est plus ya pete ! », écrit pour sa part Arsène K. Kampene, cadre du PPRD de Joseph Kabila. Espoir Alvin Kombo a, lui aussi, vu une « une oppression maligne, silencieuse » dans la décision de Ngobila. Bien plus avisé, Dieu-merci Bafuidinsoni a décelé les qualités de stratèges chez Ngobila : « Le 20 mai, il leur a opposé les jeunes de l’UDPS, cette fois-ci ce sera les « Golois » (nom donné aux fans de Ferré Gola).
De nouvelles violences en perspective ?
Connaissant la concentration de la population dans le district de la Tshangu où doit se tenir le meeting, il y a lieu de redouter des affrontements entre partisans de l’opposition et fan de la musique. Clairement, Ngobila tente d’afficher un air de démocrate en laissant faire l’opposition, tout en usant de stratagèmes pour limiter son champ d’action. Dans ce jeu, c’est la population qui en pâtit, un peu comme les herbes dans une bataille d’éléphants. Gouverner c’est prévoir. Ngobila devrait retourner ses décisions dans tous les sens avant de les exécuter.