Il est de coutume pour les femmes congolaises de commémorer la journée du 8 mars habillées en un pagne spécial. Cependant, pour cette année 2024, ce n’est pas le cas : elles ont préféré une tenue noire pour marquer leur solidarité avec les victimes de l’est du pays. C’est ce qu’en a décidé la ministre du Genre.
Pour moi, cette recommandation est une bonne chose, mais elle soulève en même temps quelques préoccupations. J’aimerais donner mon avis sur le fait de s’habiller en noir et son impact sur les besoins actuels des femmes en détresse au Kivu.
Couleur noire, d’accord. Et c’est tout ?
La couleur noire est souvent associée au deuil, à la protestation et à la solidarité face aux injustices. Dans ce contexte, l’appel à porter la couleur noire peut être un moyen pour les femmes de faire entendre leur voix et de protester contre les discriminations et les violences dont sont victimes les populations de l’est du pays. Je suis bien d’accord que chaque Congolais doit se mobiliser pour la cause de la paix dans notre pays.
Cependant, porter du noir le 08 mars ne suffit pas pour résoudre les problèmes des victimes de la guerre de l’Est. A mon avis, étant donné que ces victimes sont dans un état de dénuement total, je pense qu’une importante aide humanitaire c’est ce dont elles ont besoin en urgence aujourd’hui. Le gouvernement aurait dû décréter une collecte nationale spéciale de fonds, mais aussi de vivres et de non vivres pour les femmes de l’Est de notre pays. Recueillir des contributions en argent et en nature auprès de chaque institution publique ou privée, mais aussi des citoyens, en faveur de ces populations meurtries par des années de conflits armés. C’est à mon avis ce qui donnera du sens au fait de se vêtir de noir.
Il est un fait que toutes les femmes congolaises n’ont pas les mêmes préoccupations. L’appel à porter le noir peut ne pas refléter les vraies priorités pour les femmes du Kivu. Il faut de grandes actions concrètes. Il faut leur envoyer ce dont elles ont besoin pour vivre. Nous avons vu l’assistance envoyée par la première dame et quelques ministères, mais ça reste très insuffisant compte tenu du nombre très élevé de déplacés et des conditions dans lesquelles ils vivent.