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Londola, une fausse histoire de cercueil-volant

C’est en rentrant de la cité frontalière de Kipushi, près de la Zambie, dans le Haut-Katanga, que nous avons assisté à cette surprise. Une foule de personnes, hommes, femmes, jeunes et vieux, du village Kaponda passant en caravane et obligeant le conducteur du véhicule à bord duquel nous étions, à s’arrêter quelques minutes. Ce qui m’a poussé à questionner les villageois pour savoir de quoi il s’agissait.

« Ils font le londola », explique Mwape, une jeune dame qui observe la cérémonie. Elle est devant la maison d’une vieille femme que les gens en procession viennent démolir. On l’accuse d’être impliquée dans la mort d’un jeune homme. « C’est la mort inattendue d’un motard de 26 ans qui a poussé sa famille et ses amis à recourir au londola », précise notre interlocutrice. Un peu plus loin, une autre maison est en feu, elle appartient à une deuxième présumée complice du « décès par sorcellerie ». 

Un cercueil volant ?

C’est la troisième fois que j’assiste à une scène de londola. Il s’agit d’une cérémonie fétichiste traditionnelle où un mort porté par des vivants, est censé vous conduire auprès de ceux qui l’ont tué.

J’ai vu des gens le faire au quartier Musumali à Kasumbalesa et au village Lumata sur la route Kasumbalesa-Lubumbashi. A chaque fois, aucun cercueil qui vole en réalité. Porté par des jeunes gens au grand gabarit, et souvent en transe, c’est dans une ambiance de paranoïa totale que ces porteurs conduisent le cercueil. 

En s’approchant du cercueil porté sur les épaules de ces jeunes hommes, on peut effectivement entendre la respiration bruyante du mort chaque fois que le féticheur jette une poudre blanche sur le cercueil. Curieux tout de même ! 

« Si le cercueil ne peut se déplacer sans l’accord du défunt, on remarque qu’il faut bien une main humaine pour le mettre en mouvement. Comme c’est le cas pour tout objet d’ailleurs », fait remarquer Julie Byatana, avec qui je suis à bord du bus. Nous restons encore là quelques minutes, le temps que le cortège en procession dégage la voie.

Et si c’était une façon subtile de régler des comptes à ses ennemis ? 

C’est en tout cas ce que pensent la plupart des personnes avec qui j’ai discuté à bord du bus qui nous ramenait à Lubumbashi. « Il suffit d’un petit conflit pour qu’on dirige le cercueil vers la personne que l’on déteste », déplore le chauffeur. Il pense même qu’ « il n’y a aucune explication logique à ce phénomène »

Pour Julie, passagère elle aussi, « la question se pose vraiment, puisque souvent dans ces affaires, ce sont des vieilles femmes sans défense qui sont accusées de sorcellerie ».

À mon avis, ce rituel doit être interdit, puisqu’il n’y a aucune explication logique et rationnelle à cela. Bien plus, ça frise la justice populaire. En Côte d’Ivoire, par exemple, le « cercueil volant » devient une arme de lynchage. Les accusations de sorcellerie ne s’appuient toujours pas sur des faits vérifiables. Comment être sûr que les personnes mises en cause sont réellement responsables des décès qu’on déplore ? 

 

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Les commentaires récents (6)

  1. Plusieurs pratiques locales qui poussent à un questionnement profond sur nos valeurs identitaires; il est important de se départir de certaines.