Les femmes seules ou avec enfants, parfois bagages sur la tête, sont nombreuses à Tenke, cité minière sur la route de Kolwezi, dans le Lualaba. Elles cherchent qui peut les accueillir et les loger.
Il existe le phénomène « enfant de rue », les « shegués », d’après l’appellation consacrée en RDC. Ils sont un peu partout dans le pays : à Lubumbashi, à Kinshasa, à Goma, à Kananga… Mais à Tenke, il s’agit plutôt des femmes sans abris. Elles errent près des installations de la gare, comme si elles attendaient l’occasion de voyager. Que le train arrive ou pas, elles s’installent sous des tentes, des branches d’arbres, etc. C’est cela leur logement.
Sans famille à Tenke, Jeanine Tshibwabwa fait partie de ses femmes sans abris. Venue du Kasaï, elle a été déplacée par la guerre. Elle n’a plus de ressources. Elle dit avoir fui le phénomène Kamwina Nsapu. « Je me déplace avec mes enfants partout, à la recherche d’une assistance par des personnes de bonne foi », explique Jeanine Tshibwabwa. « Il vaut mieux vivre ici dehors, malgré le froid et les moustiques, et être loin des violences des Kamwina Nsapu », assure-t-elle. La cité de Tenke attire aussi, pour son exploitation de cuivre et de cobalt, y compris l’exploitation artisanale.
Survivre est un miracle pour les femmes sans abris
Jeanine Tshibwabwa espère quitter la gare de Tenke lorsqu’elle aura trouvé un logement digne. En attendant, elle se prostitue la nuit derrière les wagons de marchandises dans l’obscurité. Le jour, elle étale quelques produits qu’elle vend au petit marché dénommé « marché rail ». Des femmes seules qui tentent de s’organiser. Les femmes sans abris espèrent « louer une pièce (un studio) à la cité » pour vivre un peu plus protégées, grâce à l’argent qu’elles mettent en commun.
Ces femmes qui errent ça et là dans le Lualaba sont plus nombreuses autour des carrières minières. Celles qui refusent de se prostituer, essaient de se débrouiller en puisant de l’eau ou en nettoyant les minerais pour les creuseurs.
Courage à toutes ces femmes qui se battent pour elles et leur progéniture et qui ne se laissent pas abattre par la dureté des conditions de vie parfois injustes et dépravantes…