Les conflits ethniques en RDC, souvent alimentés par des rivalités politico-économiques et des manipulations, ont laissé des plaies béantes. Des communautés entières sont victimes de stéréotypes selon lesquels les uns sont des « bourreaux », et les autres des « victimes éternelles ». Derrière ces étiquettes se cache une vérité absolue : aucun être humain ne naît meurtrier, aucune communauté ne porte dans son ADN la violence.
Cette situation est le résultat des discours de haine qui se transmettent de génération en génération, et dont les faits sont amplifiés par l’utilisation abusive des réseaux sociaux.
La diabolisation des communautés, un fléau qui fragilise le vivre-ensemble
En ce temps de conflit armé où l’est de la République démocratique du Congo est plongé dans un chaos qui consume des vies humaines, les discours de haine n’ont jamais été aussi dangereux qu’ils le sont actuellement. Les stéréotypes du genre : « Tous les gens de telle ethnie sont des criminels » ; ou encore « cette communauté-là mérite d’être châtiée »… de tels discours mettent en danger la vie de plusieurs compatriotes. De telles généralisations transforment des individus en symboles d’un « mal collectif », justifiant représailles et méfiance.
Ces discours ont souvent servi à légitimer des massacres. Le 09 novembre 2023, un officier des FARDC a été lynché par une foule en colère au quartier Ndosho, dans la partie Ouest de la ville de Goma. En raison de son faciès, il était accusé d’être un espion du mouvement rebelle M23. De simples cris de quelques passants ont suffi pour qu’il soit pris pour cible par la foule. Conséquences : les membres de certaines communautés ethniques évitent de se rendre dans certains coins de la ville, craignant pour leur vie.
Ancrer la culture du vivre-ensemble dans notre quotidien
Fin janvier 2025, alors que la ville de Goma passait sous-contrôle du M23, Paul (nom d’emprunt) s’est retrouvé coincé dans un quartier voisin où les balles crépitaient de partout. Il était allé acheter à manger pour sa famille. Il n’a eu d’autre choix que de se réfugier dans une des maisons proches où il est resté enfermé pendant plus de 24 heures à cause des combats intenses dans la ville.
« Je ne pensais pas que les gens de la communauté X pouvaient aussi offrir refuge à des inconnus chez eux. Ils m’ont même donné de la nourriture à ramener à ma famille », témoigne-t-il. Des récits comme ceux de Paul qui rejettent la haine tribale, contribuent à désamorcer les stéréotypes. Ce témoignage montre combien nous avons tous à gagner en promouvant le vivre-ensemble. Bannir les discours de haine devrait commencer par toi et moi. Prêchons la paix dans nos familles et autour de nous.
En définitive, chaque communauté a ses héros et ses bourreaux, ses rêveurs et ses manipulateurs. Diaboliser « l’autre », c’est nier notre propre humanité. Comme le dit une sagesse africaine : « Un arbre ne fait pas une forêt ; une ethnie ne fait pas une nation. » Reconstruire notre nation passe par des actes simples : tendre la main à un voisin, déconstruire un préjugé, raconter une histoire qui unit.
Et vous, quelle histoire de vivre-ensemble pourriez-vous partager aujourd’hui ?
*Ce contenu de sensibilisation est produit dans le cadre du ‘Peace Project’’, un projet de paix mené dans l’est de la RDC, notamment dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, en partenariat avec l’ONG néerlandaise Mensen Met Een Missie (MMM). Ensemble, nous encourageons les communautés à adopter et à partager davantage de récits alternatifs et inclusifs, afin de promouvoir la paix sociale, le dialogue et le vivre-ensemble. Cette initiative s’oppose aux discours de haine, à la manipulation et à la violence, qui fragilisent le tissu social.