Je voulais savoir ce que pensent certaines femmes du fait que dans les églises il est rare de trouver un leadership féminin fortement représenté. En effet, rares sont les églises ayant des femmes au sein des organes décisionnels. Plus rares encore sont les églises dirigées par des femmes. J’ai donc interrogé trois femmes journalistes qui s’assument aussi comme chrétiennes pratiquantes.
Maguy Mbuku, directrice du site Pourelle.info
Je dirais que cela demande l’implication des responsables des églises qui ont encore un message de discrimination a l’égard des femmes. Quand on parle du leadership, on évoque la capacité à inspirer la confiance, à guider les autres et à les influencer pour atteindre un certain nombre d’objectifs. C’est ce qui manque à certaines femmes dans nos églises.
Normalement, la confiance qu’une femme leader inspire aux autres dépend d’abord de celle qu’elle a pour elle-même. La manière dont elle sera perçue devant d’autres femmes dans l’église dépend non pas du poste qu’elle occupe, mais de la posture qu’elle adopte. La capacité à fédérer une équipe ne s’obtiendra pas à coup d’autorité ; mais relèvera de sa capacité à définir un objectif clair et une façon de l’atteindre.
Ainsi le leadership au féminin commence par un travail sur soi : s’affirmer en tant que leader tout en conservant son authenticité, définir son style de leadership, développer son assertivité, gagner en influence.
Bref, pour renforcer le leadership des femmes, il faut travailler sur ces femmes. Elles doivent être formées pour s’affirmer en tant que leader.
Claudia, journaliste indépendante
Quand on parle du leadership féminin dans l’église, mon constat est que les hommes sont conservateurs. La place de la femme à l’église est celle de vivre sous la conduite de l’homme. Les hommes sont rarement à l’écoute de ce que peut dire une femme. On accepte qu’une femme parle aux autres femmes plutôt qu’a l’ensemble de l’église. Même dans les églises conduites par les femmes, il y a toujours un homme qui est là pour rassurer les hommes qui ont du mal à accepter le leadership féminin.
Comment faire ? Il faut changer notre mentalité. En tant que Bantou on a du mal à être conduit et dirigé par une femme. On doit introduire le concept de masculinité positive. Le cerveau n’a pas de sexe. Les hommes doivent s’imprégner de cette réalité. Si une femme peut être pasteur d’une église de plus de 2000 personnes, en tant qu’homme je dois m’incliner devant son leadership. Il faut croire qu’on ne doit pas considérer la femme uniquement au regard de ce qu’a été Eve vis-à-vis d’Adam.
Gloria, journaliste à Héritage radiotélévision de Lubumbashi
Il y a des prédications à bannir dans les églises. Certaines prédications empêchent la femme de s’épanouir ou d’exprimer son leadership. C’est par exemple quand on veut démontrer que la femme ferait mieux de s’occuper de la cuisine ou d’apporter les soins à son mari. En revanche, il y a des types de prédications à introduire dans les églises comme celles en rapport avec l’entrepreneuriat des femmes ou celles qui encouragent les femmes à devenir plus autonomes tout en étant engagées dans le mariage. En gros, les prédications doivent encourager les femmes à être plus épanouies et plus à même d’assumer le leadership. D’autre part, il faut accorder plus de place aux femmes au sein des assemblées en permettant à celles-ci de prêcher à toutes les catégories de fidèles.
*Cet article est écrit avec l’appui technique d’Internews, grâce au financement de la coopération suédoise, l’USAID et la coopération suisse. Les opinions partagées dans cet article ne reflètent pas nécessairement les vues de l’Agence suédoise de développement international (ASDI), de l’USAID, du gouvernement suédois et du gouvernement des États-Unis.