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Censurer Internet : une mesure de sécurité ou un aveu d’impuissance ?

Le monde célèbre le 11 mars la journée mondiale contre la censure sur Internet. Une occasion pour la communauté de réfléchir sur les entraves à la liberté d’expression sur les plateformes numériques qui poussent certains dirigeants à filtrer du contenu ou au pire des cas, à couper la connexion à Internet.

Cyberbrutalité 

Ce que beaucoup considèrent comme de la cyberbrutalité est utilisée par l’Etat pour restreindre l’accès à l’information pour limiter des troubles à l’ordre public. C’est du moins la version officielle justifiant ces mesures d’exception.

A l’occasion ou en prélude d’une marche de l’opposition, jusqu’ en 2019, le gouvernement Congolais a eu, à maintes reprises, recours à cette mesure pour couper l’accès soit à tout le réseau ou en ciblant spécifiquement les réseaux sociaux. C’est ce que décrie Lemien Saka dans ce billet de blog publié après la longue coupure de 20 jours en janvier 2019

Une violation du droit

L’interruption de la connexion à Internet a été attaquée par plusieurs organisations et dénoncée comme une violation du droit à l’information et à la liberté d’expression.

Une mesure liberticide appliquée sur tout le monde, étant donné que les services de sécurité ne sont jusque là pas en mesure d’interpeller les personnes à la base des fakenews qui servent d’alibi aux coupeurs d’Internet.

C’est une punition collective qui a eu même des répercussions sur le porte-monnaie. La dernière coupure d’Internet en RDC aura coûté 65 millions de dollars à l’économie et précipité une partie des abonnés congolais vers des réseaux étrangers de substitution (MTN au Rwanda et Airtel Brazzaville).

La sécurité nationale : l’argument clé

Le gouvernement pour sa part, soutenait que des restrictions aux libertés pouvaient s’appliquer, les contenus diffusés en ligne étaient à même de représenter un danger pour la sécurité nationale.

Une disposition coulée dans l’article 46 de la loi cadre sur les télécommunications de 2002, promulguée à une période où le pays ne comptait que 47.000 internautes contre 16 millions aujourd’hui.

Cependant, la définition de ce qui pourrait porter atteinte à l’intégrité du pays est variable et dépend largement de l’appréciation que s’en font les autorités.

Pour ma part, je pense que si les autorités n’arrivent pas à arrêter les trolls qui diffusent des fakenews politiques (très souvent à des milliers de kilomètres d’ici) et décident de punir tout le monde à cause de cette impuissance, elles auront fait le jeu de ces personnes en s’attirant l’antipathie de l’opinion publique.

Le coronavirus : un nouveau défi

Les fakenews ont contribué à la persistance de la maladie à virus Ebola dans l’Est de la RDC. Méfiants envers les autorités, nombreux ont vulgarisé des théories complotistes de tout genre. Entre manipulations génétiques, épidémie entretenue pour en tirer un gain économique, la bataille contre le virus en ligne a été redoutable.

La déclaration récente du premier cas de coronavirus en RDC a remis en scelle, les détracteurs de l’action publique qui y voient également une machination pour des fins économiques.

Au pays de la rumeur, où la frontière entre le vrai et le faux est difficile à déceler, je crains que les fakenews ne jouent un rôle néfaste dans la sensibilisation contre la maladie.

Devra-t-on dans ce cas encore couper Internet ou plutôt détecter les comptes actifs dans la propagation des contre-vérités ?

La réponse se trouve peut-être dans le plan national de lutte contre le Coronavirus. Si bien sûr celui-ci intègre un volet numérique. Autrement, le virus gagnerait du terrain dans le cœur des gens et gênerait la stratégie de riposte.

 

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