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Conflits interethniques : la haine se transmet, la paix s’apprend !

Dans un coin oublié de l’est de la RDC, situé entre les collines verdoyantes et les champs fertiles, se trouvait le village de Ngiluké. Deux communautés y cohabitaient depuis des générations : les Baleki, éleveurs de bétail, et les Bambili, cultivateurs. Leur ralation n’était pas toujours rose, car des tensions, des frictions, des incompréhensions existaient parfois,  mais la parole des sages des deux peuples, faisait toujours taire les bruits avant qu’ils ne deviennent des cris de guerre.

Un jour, le mal est venu par une vache. Une simple vache affamée qui se faufila dans un champ de maïs appartenant à un cultivateur. Ce dernier, excédé par les récidives et convaincu qu’une justice tardive est une injustice, tua l’animal à coups de machette. Il n’avertit ni le conseil des sages, ni les anciens. Il a agi seul, guidé par la colère.

Et l’équilibre se brisa…

En représailles, le propriétaire de la vache mit le feu au champ entier. La récolte de toute une saison partit en fumée. Le lendemain, ce n’étaient plus deux hommes qui s’affrontaient, mais deux familles, deux clans, deux communautés. Les machettes répondirent aux flèches, les cris aux larmes, les morts aux morts. En quelques semaines, ces deux villages voisins, qui vivaient pourtant paisiblement, furent plongés dans une spirale infernale de violences. Des violences nourries par la rancune, l’orgueil, la mémoire douloureuse et… l’oubli du dialogue.

Ce conte, malheureusement si proche de tant de réalités congolaises, met en lumière et illustre une vérité brutale : en RDC, la haine tribale et les conflits interethniques se transmettent souvent comme un héritage empoisonné. Non par fatalité, mais par choix collectif d’entretenir la mémoire de la douleur plutôt que celle de la paix.

Comment un simple différend foncier devient-il une guerre de clans ? Comment une querelle individuelle dégénère-t-elle en haine ethnique ? La réponse est double : l’absence de patience pour une justice équitable, et l’érosion des mécanismes traditionnels de médiation. Là où les sages réglaient autrefois les conflits par la parole, le respect et la réparation symbolique, la vengeance aveugle a pris la relève. Et la haine, elle, se transmet désormais comme un bien familial : de père en fils, d’un membre du clan à un autre, de génération en génération.

Il n’est jamais trop tard pour bien faire

Ce qu’il faut faire c’est réhabiliter la paix. En fait un héritage. Il est urgent de reconstruire des ponts, de retisser le tissu communautaire, de restaurer la confiance. Les mécanismes traditionnels de résolution des conflits doivent être renforcés, protégés, même modernisés. Il faut enseigner aux enfants que l’autre n’est pas un ennemi héréditaire, mais un voisin avec qui on peut construire, semer, élever et même rêver. Il faut aussi, et surtout, sortir de la loi du talion.

À Ngiluké, les flammes de la vengeance auraient pu être évitées si un seul homme avait choisi le chemin du dialogue. Un seul geste de patience, et tout un cycle de massacres n’aurait jamais vu le jour.

La paix ne naît pas d’un traité signé à Kinshasa, la capitale. Elle naît dans les villages, dans les familles, dans les cœurs. Là où la justice devient réparation et non vengeance. Là où les conflits, inévitables, deviennent des occasions de bâtir plutôt que de détruire. Car, au bout du compte, ce n’est pas la haine que nous transmettons à nos enfants qui les sauvera, c’est plutôt notre capacité à dire : « Le mal s’arrête avec moi ! »

 

 

 

*Ce contenu de sensibilisation est produit dans le cadre du ‘’Peace Project’’, un projet de paix mené dans l’est de la RDC, notamment dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, en partenariat avec l’ONG néerlandaise Mensen Met Een Missie (MMM). Ensemble, nous encourageons les communautés à adopter et à partager davantage de récits alternatifs et inclusifs, afin de promouvoir la paix sociale, le dialogue et le vivre-ensemble. Cette initiative s’oppose aux discours de haine, à la manipulation et à la violence, qui fragilisent le tissu social.

 

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