Le projet du corridor de Lobito, qui relie l’Angola, la RDC et la Zambie, est présenté comme un levier de croissance économique pour toute la région. En permettant l’évacuation des minerais de la RDC vers le port de Lobito en Angola, ce projet pourrait stimuler les exportations, créer des emplois et favoriser l’intégration économique entre les pays d’Afrique centrale. Cependant, à mon avis, ce projet pose problème quant à la souveraineté de la RDC.
Le corridor de Lobito a l’avantage de relier plusieurs pays du bassin du Congo, ce qui offre des perspectives intéressantes pour la RDC. Ce projet vise à désenclaver des régions entières du pays, notamment le Grand-Kasaï et le Bandundu, et permettrait de faciliter l’accès aux marchés internationaux, surtout pour les exportations de minerais, principal produit d’exportation de la RDC. De plus, l’initiative s’inscrit dans une dynamique de coopération régionale qui pourrait renforcer les liens entre les pays africains et stimuler l’intégration économique sur le continent. L’accord du président Félix Tshisekedi de soutenir ce corridor semble ainsi s’aligner avec l’idée d’une Afrique unie, capable de se relever ensemble face aux défis économiques mondiaux.
La question de la souveraineté congolaise
En effet, avec ce projet, la souveraineté nationale de la RDC pourrait s’en trouver affectée. En soutenant cette initiative, le président Tshisekedi semble contredire ses précédentes positions sur la préservation de la souveraineté nationale. Placer une partie des chaînes logistiques cruciales de notre économie dans les mains d’un pays voisin, cela rendrait vulnérable la RDC face à d’éventuelles tensions diplomatiques ou à des décisions politiques unilatérales de l’Angola. Qu’arriverait-il si en cas de crise ou de perturbations politiques, notre pays était privé de l’accès à ce port de Lobito ?
Bien que l’intégration régionale soit un objectif louable et un vecteur de progrès économique, la RDC ne doit pas perdre de vue l’importance de son indépendance logistique. En ce sens, la finalisation du port en eaux profondes de Banana, projet phare du pays, doit rester une priorité absolue. Ce port, une fois achevé, offrirait à la RDC une alternative stratégique, lui permettant de réduire sa dépendance vis-à-vis d’un pays voisin pour ses exportations. Avoir notre propre port capable de traiter des volumes de cargaison importants est essentiel non seulement pour le prestige national, mais aussi pour nous garantir une certaine autonomie en matière de commerce international.
Le pays ne peut pas compter que sur l’Angola pour l’évacuation de ses minerais. Car, en cas de tensions diplomatiques avec la RDC, Luanda peut décider de nous punir en fermant simplement sa frontière.
Le corridor de Lobito d’accord, mais cela doit se faire de manière à préserver les intérêts stratégiques du pays. La RDC doit tout mettre en œuvre pour finaliser la construction du port en eaux profondes de Banana, non seulement pour ses ambitions économiques, mais aussi pour garantir une certaine autonomie en cas de crise.