Le Covid qui sévit partout complique la vie aux personnes vivant avec handicap. Imaginez un aveugle, les yeux fermés et dépendant d’un guide ou d’une canne blanche pour se déplacer ! Je vous raconte une histoire au sujet des non-voyants de Lubumbashi.
Si les personnes sans handicap se conforment à peine aux mesures de lutte contre le coronavirus, la situation est bien différente pour les non-voyants. Je viens de passer environ une heure à l’Institut Nuru, une école pour enfants aveugles à Lubumbashi.
A l’école où les non-voyants apprennent à lire et à écrire
L’Institut Nuru donne un enseignement spécialisé aux enfants : il leur apprend à lire, à écrire et à calculer. Et bien plus. Il a déjà formé des personnes qui ont pu percer plus loin jusqu’à obtenir des licences (bac+5), et depuis peu, déjà un doctorant. C’est un enseignement destiné à des élèves malvoyants et non-voyants.
En classe, les enseignants touchent parfois les élèves pour transmettre la matière. Les élèves se bousculent entre eux dans la cours ou en classe parce qu’ils ne voient pas. Entre eux, il est difficile, de temps en temps, d’observer un mètre de distance. Même si les bancs sont largement espacés. Heureusement, « les mains sont leurs yeux ! », explique Charlotte, enseignante en 8e EB.
S’agissant des gestes barrières, les responsables de l’école ont imposé un lavage régulier des mains. Un dispositif de lavage des mains est placé à un endroit facile d’accès. Et la maîtrise du milieu permet aux élèves non-voyants de s’y laver les mains le matin quand ils arrivent, à la récré et à la sortie.
La répétition !
Chaque matin, lors du rassemblement avant les cours, les responsables de cette école rappellent l’existence de la maladie et insistent sur le respect des mesures barrières qu’ils ont « adaptées aux réalités des personnes vivant avec handicap visuel », rassure Alex, enseignant et conseiller pédagogique à Nuru.
Tout s’apprend dans cette école, et c’est merveilleux de pouvoir vivre une telle réalité. Notamment comment porter correctement son masque. Car certains élèves couvrent leurs visages ; d’autres le portent à l’envers. Les messages passent, toutefois, et les élèves savent que le coronavirus tue.
Marie, non-voyante, est enseignante en 1ère année primaire. Elle écoute la radio et apprend les nouvelles pratiques sur la maladie en vue de les transmettre à ses élèves. Elle recourt parfois à la langue locale, le kiswahili, pour se faire comprendre.
La solitude en ce temps de distanciation
En ce temps de distanciation, où les visites sont réduites à ce qui est nécessaire, les personnes non-voyantes expliquent qu’elles sont victimes de solitude. Elles ont souvent besoin d’une assistance pour se déplacer par exemple. Ce qui n’est pas chaque fois facile. Puisque la distanciation physique s’impose. Il y a aussi ceux qui ne sentent pas directement ce changement, puisque dans leurs familles rien n’a changé.
Pour Lucien, enseignant, beaucoup de choses ont changé. Il n’a pas arrêté de côtoyer les personnes de son entourage. Covid-19 ne peut pas l’éloigner des autres, indique-t-il.
Les plus démunis, qui s’essaient au petit commerce, ressentent davantage de pression du fait des difficultés à se déplacer pour vendre, par exemple, autour des marchés ou le long des rues au centre-ville.
En République démocratique du Congo, plusieurs messages sur le coronavirus ont été conçus pour des personnes ayant tous leurs sens physiques. Ils ne sont pas concrètement adaptés aux réalités des personnes vivant avec handicap. Ceci explique l’ampleur des difficultés rencontrées par les non-voyants dans la lutte contre cette maladie.
#Covid19NeNousDiviseraPas
Chez-nous, nos autorités doivent aussi commencer à penser aux handicapés. Mais ils doivent juste s’adapter, pas de choix !
J’aime se message