Un mois après la rentrée scolaire, beaucoup d’enfants de la ville minière de Kolwezi n’ont toujours pas regagné l’école. Avec la chute des cours du cuivre entamée en 2015, des centaines de familles ont perdu leur emploi.
A 9h30, dans les rues du quartier Latin, un des faubourgs chics de Kolwezi, la capitale de la province du Lualaba, des écoliers jouent dans la rue dans une ambiance bon enfant. Difficile de les confondre avec les enfants des rues car ils s’expriment dans un bon français, signe qu’ils ont fréquenté l’école maternelle.
Visiblement, à Kolwezi les colonies de vacances continuent même un mois après la rentrée des classes officielle. Ces enfants ne vont plus à l’école. Junior, 6 ans, espère « bientôt » rejoindre l’école. « C’est pour bientôt. Papa dit qu’on ira à l’école d’un moment à l’autre. D’ailleurs les uniformes sont à l’atelier de couture. J’ai hâte de revoir mes amis »
Les temps sont durs
L’innocence des enfants contraste avec les tracas que l’on peut lire sur les visages des parents. Les temps vont de mal en pis. Les cours du cuivre, minerai dont dépend l’économie de Kolwezi, peinent à se relever. Plusieurs sociétés minières ont fermé et celles qui résistent ont fortement diminuées des salaires.
Les parents qui ne sont plus payés et ceux qui sont sans emploi, n’envoient plus leurs enfants à l’école faute d’argent. Des centaines d’enfants non scolarisés sont voués à l’analphabétisme. Ce scénario est injuste et violent. Il conduit à l’avilissement de toute une génération. Les pauvres subissent cette crise de plein fouet alors qu’ils ne sont nullement responsable de la crise. L’erreur est d’avoir bâti l’économie congolaise sur l’exploitation des ressources naturelles.
L’Etat a démissionné
L’éducation est un droit auquel chaque enfant devrait pouvoir avoir accès. L’Etat est garant de ce droit à l’éducation. La promesse d’une scolarité gratuite est devenue lettre morte et personne n’y croit plus aujourd’hui. l’État se plaît à supporter des frais dérisoires, qui ne pèsent pas sur les parents. La fameuse motivation, le salaire des enseignants, est aux frais des parents d’élèves tant la part versée par l’État est dérisoire.
Pour faire face à cet abandon, maman Nzembe, tenancière d’un restaurant de fortune appelé « malewa », interpelle ses paires : « Nous devons faire encore plus de sacrifices pour payer ces frais scolaires. Car après tout on ne peut plus compter sur personne à part le bon Dieu. Car si on attend que les choses reviennent à la normale, ce sont nos enfants que nous allons perdre dans les rues. Non seulement ils vont se dépraver mais aussi et surtout les accidents de la rue vont nous les ravir ». A madame Kayembe d’ajouter : « L’Etat a déjà démissionné, et nous on a personne pour veiller sur ces enfants à notre absence. Il n’y a qu’à l’école que nous sommes sûrs et certains de leur sécurité. Même si les frais scolaires augmentent en ces temps de crise, nous n’avons pas le choix. Vaux mieux manger une fois tous les deux jours que de les laisser trainer dans les rues plus longtemps ».
Voilà le cercle vicieux dans lequel sont enfermés les parents congolais et qui ne cesse de profiter aux gouvernants. Que l’État agisse, et vite !
Hervé Mukulu.
Se prémunir également des crises pareilles en sachant prévenir durant les moments de l’abondance.