La gestion des déchets en RDC, particulièrement à Kinshasa, est une question qui n’a pas encore trouvé de réponse. Notre environnement est déformé par des décharges publiques sauvages, faute de système fiable de ramassage et de site d’enfouissement. Des mentalités rétrogrades ont transformé les voies d’évacuation des eaux en poubelles publiques.
Pourtant, le principe du pollueur-payeur, consacré par la loi n° 11/009 de 2011 sur la protection de l’environnement, constitue une base légale pour décourager ceux qui dégradent notre environnement. Des simples ménages qui polluent les rivières et les lieux publics, aux acteurs économiques qui produisent des contenants avec du plastique. Cette loi stipule que les coûts liés à la pollution doivent être supportés par les pollueurs. Malheureusement, elle souffre de manque d’application. Depuis l’interdiction des emballages plastiques par exemple, seuls les supermarchés de Kinshasa ont obéi et proposent des emballages alternatifs. Quant au reste (notamment les industries), elles continuent de produire en utilisant du plastique qui, après usage, s’accumule dans les rues et les rivières.
D’échecs en échecs
Au-delà des défaillances institutionnelles, l’échec de la sensibilisation des citoyens sur la gestion des déchets, est l’un des plus grands fiascos de la politique environnementale. Le recyclage, qui aurait pu constituer une formidable opportunité de développer une économie circulaire avec des entreprises se consacrant au ramassage des déchets n’est pas suffisamment incitatif. Qui investirait dans une activité où un kilo de plastique est payé 300 francs congolais ?
Entretemps, la facture pour entretenir Kinshasa est de plus en plus salée. Selon le député Godé Mpoyi, il faut 900.000 $ pour gérer 30.000 tonnes de déchets journaliers. Pendant ce temps, les politiques environnementales ne changent que d’appellations sans contenu. De Kin Bopeto, on est passé à Kinshaza ezo Bonga, avec des budgets irréalistes. Cela donne l’impression d’être une affaire intéressant les gouvernants seuls et non les gouvernés. Comment les citoyens pourraient-ils s’approprier des politiques dont ils n’ont jamais été associés à la conception ?
Avec la croissance démographique, la question de la gestion des déchets reste toujours d’actualité, au même titre que les autres enjeux liés à la transition écologique.
Pour revenir à l’idée principale de votre article, vous mentionnez l’absence d’application des mesures de « pollueur-payeur » dans la gestion des déchets, comme le précise la loi mentionnée plus haut.
Aujourd’hui, l’une des principales difficultés dans la gestion des déchets dans les grandes mégapoles africaines réside dans le manque d’outils adéquats. Chaque collectivité locale doit disposer de son propre plan local de gestion des déchets.
Ce plan est essentiel, car il permet de définir les processus à mettre en œuvre pour chaque type de déchet produit dans la collectivité. Ce n’est qu’après la mise en place de ce plan que le pollueur devrait apporter un soutien financier aux collectivités sur quantités des déchets gerés. En aucun cas, un pollueur ne doit verser ses contributions de manière aléatoire.
À cela s’ajoute un autre défi : celui des compétences. La gestion des déchets requise des compétences appropriées pour mettre en place des solutions adaptées et efficaces.
Patrice Thierry MULUMBA Rudologue Le Mans Université
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