Depuis quelques semaines, une comparaison entre les institutions politiques du Sénégal et de la RDC anime les discussions sur les réseaux sociaux congolais. Le débat se focalise principalement sur les présidents Macky Sall du Sénégal et Félix Tshisekedi de la RDC. Mais également sur leurs institutions respectives telles que les cours constitutionnelles et les commissions électorales.
Le déclencheur de ces comparaisons remonte au 3 février 2023, lorsque le président sénégalais Macky Sall a annoncé l’abrogation du décret qui fixait la date de l’élection présidentielle au 25 février 2024. Ce qui a suscité un mécontentement parmi de nombreux Sénégalais. De plus, cette décision a été suivie le 5 février par l’adoption d’une loi par l’Assemblée nationale repoussant l’élection de dix mois. Et ce, tout en maintenant Macky Sall en tant que président. Ces événements ont attiré l’attention des Congolais, qui ont commencé à comparer la situation politique de leur pays à celle du Sénégal.
La Cour constitutionnelle et le Conseil constitutionnel
Le point culminant de ces analyses est intervenu le 15 février, lorsque le Conseil constitutionnel du Sénégal a invalidé le report de l’élection présidentielle. Bien que réputé proche de Macky Sall, le Conseil constitutionnel s’est opposé à la décision de ce dernier. En effet, le Conseil a déclaré la loi adoptée par l’Assemblée nationale sénégalaise contraire à la Constitution. Ce qui a renforcé les débats sur les réseaux sociaux sur la différence entre nos deux pays.
Une des principales différences réside dans la perception de l’indépendance des institutions politiques, notamment des cours constitutionnelles. En RDC, l’opposition considère que la Cour constitutionnelle est sous le contrôle du régime de Félix Tshisekedi. D’où, elle remet en question la crédibilité des résultats électoraux. En revanche, au Sénégal, le Conseil constitutionnel est perçu par certains Congolais comme étant totalement indépendant, comme en témoigne son rejet du report de la présidentielle décidé par Macky Sall.
Différence entre l’opposition en RDC et au Sénégal
Au Sénégal, le rejet de la candidature de l’opposant Ousmane Sonko par le Conseil constitutionnel a suscité des réactions vives. Malgré ce revers, Sonko a choisi de soutenir la candidature de Bassirou Diomaye Faye, favorisant ainsi une certaine unité au sein de l’opposition sénégalaise. Cette capacité à transcender les ambitions personnelles au profit d’un objectif commun démontre une certaine cohésion et une flexibilité au sein de l’opposition sénégalaise.
Par contre, en RDC, l’opposition a été caractérisée par un manque de consensus et d’unité lors des élections de décembre 2023. A titre d’exemple : elle n’a pas réussi à trouver une candidature commune. Cette division et cet égoïsme l’ont affaiblie, permettant ainsi à Félix Tshisekedi de remporter. Les élections avec une large marge.
La différence dans le contexte électoral
Pour les partisans du président Tshisekedi, il n’y a pas lieu de comparer les deux chefs d’Etats, car leurs contextes politiques sont différents. En RDC, Félix Tshisekedi a été réélu pour son deuxième et dernier mandat lors du quatrième cycle électoral en décembre 2023. En revanche, au Sénégal, Macky Sall a déjà effectué ses deux mandats à la tête du pays.
Je pense qu’il faut tenir compte des spécificités de chaque contexte politique avant de tirer des conclusions hâtives sur les dirigeants et les institutions. Néanmoins, l’interpellation sur la nécessité d’avoir des institutions indépendantes demeure.