La 10e épidémie d’Ebola reste, sans conteste, la plus meurtrière depuis sa découverte en 1976 par docteur Jean-Jacques Muyembe Tanfum. Même si ce virologue congolais a proposé en août 2019 un traitement curatif d’Ebola, plus de 2000 personnes en sont mortes. Dans le territoire de Beni, particulièrement touché, l’ignorance et la négligence des populations constituent un facteur majeur de sa persistance plus d’une année après
Plus de 2000 morts, et c’en est pas fini pour Ebola
Les professionnels de la santé et les ONG impliqués dans la lutte contre Ebola dans le Nord-Est de la RDC depuis août 2018 l’attestent : les campagnes d’intoxications présentant l’épidémie comme un complot ont rendu difficile sa maîtrise dans le Nord-Kivu et dans l’Ituri.
Pourtant, la maladie est bien réelle. Plus de 2100 personnes en sont mortes jusqu’à mi-septembre 2019 sur plus de 3000 cas enregistrés. Toutefois, c’est démontré que les personnes qui ont suivi tôt les soins ont sauvé leur vie. Grâce à la prise en charge médicale organisée par la RDC et l’OMS.
Beni, région martyr de la RDC
La région touchée par l’épidémie a continué de faire l’objet des massacres, presqu’ininterrompus depuis 2014. Le territoire de Beni, dans l’Est de la RDC où s’activent encore des dizaines de groupes armés dont les ougandais ADF, n’a pas recouvré sa quiétude. Cela, depuis les rébellions successives qui ont suivi le génocide rwandais en 1994.
Que Ebola surgisse dans ce contexte, la population a eu une source d’inquiétude de trop avec référence immédiate à la mort. Puisque son taux de mortalité atteint parfois les 90% pour les personnes contaminées. A l’origine, les sources locales citent un député qui avait suggéré qu’Ebola était une invention pour tuer une communauté du Nord-Kivu déjà victime des massacres.
On sait néanmoins aujourd’hui que les vrais auteurs du complot contre la population de Beni sont ceux qui ont dit qu’Ebola est un complot. Voilà qui explique que cette 10e épidémie soit devenue la plus la plus meurtrière. Seule l’épidémie qui avait éclaté à Mweka, au centre de la RDC, entre 2008 et 2009 avait eu une durée de temps analogue.
Carte sur Ebola
Sur la carte ci-dessous, vous pouvez passer votre curseur sur un point rouge ou le toucher du doigt, pour voir le nom du lieu ainsi que le nombre de cas et décès enregistrés.
C’est quoi Ebola, pourquoi fait-il si peur?
Ebola est une maladie grave, souvent mortelle chez l’homme. D’après l’OMS, le taux de létalité moyen est de 50%. Mais si les patients ne suivent pas tôt les soins de santé, le taux de mortalité peut atteindre les 90%, ce qui la caractérise comme une maladie affreuse. Le virus se transmet à l’homme à partir des animaux sauvages puis se propage dans les populations par la contamination entre humains.
- Le virus se maintient dans les chauves-souris frugivores
- Les chauves-souris infectées entrent en contact direct ou indirect avec d’autres animaux et transmettent le virus.
- L’épidémie peut alors se développer chez les primates ou autres mammifères (antilopes de forêt).
- Les patients sont infectés par:
- La manipulation d’animaux infectés, malades ou morts, trouvés dans la forêt (plus fréquent);
- Ou par contact direct avec des chauves-souris infectées (rare).
- La transmission secondaire interhumaine peut survenir par contact direct avec le sang, les sécrétions, les organes ou autres fluides corporels de personnes infectées.
- La persistance du virus Ebola dans les liquides biologiques des survivants représente un risque de transmission par voie sexuelle.
Ebola dans le monde
Depuis la première épidémie d’Ebola simultanée en RDC (Yambuku, voir la carte plus haut) et au Soudan du Sud en 1976, 25 autres flambées ont eu lieu. Principalement en Afrique centrale. La plus large et la plus complexe de toutes, reste la flambée de l’Afrique de l’Ouest entre 2014 et 2016, selon l’OMS. Le Gabon et le Congo ont aussi été touchés. D’autres pays dans le monde sont considérés comme pouvant développer Ebola : le cas de l’Ethiopie, la Centrafrique ou encore le Tchad.
Ebola : les 5 gestes qui sauvent
- Ne pas toucher les cadavres: les animaux trouvés morts, les proches morts dans des conditions douteuses : forte fièvre x diarrhées, etc.
- Courir à l’hôpital dès l’apparition des signes d’Ebola, qui parfois ressemblent aux signes d’autres maladies : fortes fièvres, saignements y compris par les yeux, vomissements et diarrhées
- Accepter le vaccin contre Ebola
- Toujours mieux laver
- ses mains au savons après avoir salué ou touché des personnes
- S’engager à sensibiliser les proches à ces mesures. Ne pas attendre que la maladie arrive dans votre ville : il pourrait être tard pour plusieurs, peut-être pour vous-même.
Très bel article, édifiant !
Good job Didier.