Au terme d’une ordonnance présidentielle publiée jeudi 19 octobre 2023, Eddy Kapend a été, « à titre exceptionnel », promu général de brigade au sein de l’armée congolaise et nommé dans la foulée commandant de la 22è région militaire. Une vraie résurrection pour l’ancien aide de camp de Mzee Kabila qui était dans les couloirs de la mort il y a à peine trois ans.
Général Eddy Kapend, on s’y habituera désormais. Le nouveau commandant de la 22è région militaire dans le Haut-Katanga est la preuve que la vie est pleine de surprises. Principal accusé et condamné à la peine de mort avec 29 autres personnes le 7 janvier 2003 dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat de l’ancien président Laurent Désiré Kabila, Eddy Kapend a vu le bout du tunnel avec l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi.
D’abord commuée en prison à vie en juin 2020, la peine de Kapend a été totalement levée après une nouvelle grâce présidentielle en janvier 2021. Seulement l’homme, déjà radié de l’armée n’a pu être réintégré, jusqu’à sa promotion par ordonnance présidentielle le jeudi 19 octobre. Mais sa nomination a créé une grosse polémique dans le pays. Certains la jugent irrégulière. Pourtant, le constitutionnaliste Jacques Djoli estime que la nomination d’Eddy Kapend ne viole aucune loi. « Il faut recourir au droit administratif militaire », explique l’ancien militaire devenu professeur. Selon lui, Kapend, redevenu « citoyen ordinaire », rentre dans l’armée « comme un civil ». Jacques Djoli, qui est également vice-président de la Commission défense et sécurité à l’Assemblée nationale, rappelle que la loi portant statut des militaires permet d’intégrer un civil dans l’armée avec grade.
La frayeur John Numbi ?
Toutefois, le timing de cette réintégration et le choix de la région militaire dans le Haut-Katanga ne semblent pas anodins. Le retour de Kapend dans les rangs des FARDC intervient quelques jours seulement après la vidéo du général John Numbi, ex-inspecteur général de la police, dans laquelle il proférait des menaces contre le pouvoir de Kinshasa. Pour le journaliste Nico Mayengele, les menaces de Numbi, la nomination de Kapend, la riposte de Tshiwewe et le repas de corps avec les officiers des FARDC sont tous liés. Un autre journaliste, Jeff Saile, s’interroge si Fatshi a « pris au sérieux les menaces du général fugitif John Numbi ».
Sur Twitter, The Mwami voit en ce retour de Kapend, la « méfiance à peine voilée » et « le refus de croire que Kabila a vraiment pris la retraite et qu’il ne contrôle pas Numbi ».