Selon le calendrier de la Céni, les élections auront lieu le 20 décembre 2023 en RDC. L’ONG Actions pour la justice, le développement et les droits humains (AJDDH) s’y prépare activement. Elle milite pour la participation des sourds de Kisangani à tous les scrutins prévus.
Avec l’appui technique et financier de l’Institut républicain international (IRI) et l’USAID, AJDDH organise une campagne d’éducation civique et électorale des sourds. Déjà, le choix de cette cible en dit long sur la particularité de son intervention.
Mais pourquoi seulement les sourds ? Répondant à cette question, maître Elly Kayembe, directeur exécutif de l’AJDDH, évoque le constat de l’observation de cette ONG au cours des trois cycles électoraux que la RDC a connus. En 2006, 2011 et 2018, elle dit avoir constaté que les sourds en tant que minorité sociale n’ont pas bénéficié de programmes ni d’initiatives d’accompagnement pouvant faciliter leur participation aux scrutins. Ce qui somme toute est une marginalisation et une discrimination.
Déterminée à changer cette situation -du moins pour les sourds de Kisangani-, AJDDH met en place une stratégie en trois temps.
1. Education civique et électorale des sourds
Bon nombre de sourds ne participent pas activement au processus électoral à cause de l’indisponibilité des informations y relatives en langage de signes. Pour cela, AJDDH a formé 25 sourds sur l’éducation civique et électorale. Ils sont issus de trois associations de sourds de Kisangani. Formés à être eux-mêmes des formateurs, les 25 sourds ont reçu un manuel pour aller former les membres de leurs associations respectives.
2. Sensibilisation par une pièce théâtrale
Les obstacles à la participation électorale des sourds n’ont pas que des causes endogènes. Il faut également considérer le défi de leur intégration et leur acceptabilité parmi les personnes valides qui constituent la majorité de la population. Ainsi, avec le concours des artistes comédiens, AJDDH a réalisé une pièce de théâtre pour sensibiliser sur l’inclusion électorale.
Dans cette pièce, les artistes comédiens passent le message d’égalité entre sourds et entendants. Cette égalité implique également la participation des sourds aux élections, non seulement comme électeurs, mais aussi comme candidats.
3. Des missions de plaidoyer
Il existe des aspects pratiques qui constituent de véritables obstacles à la participation électorale des sourds. Je peux citer par exemple l’absence d’interprètes de langues de signes dans les centres d’enrôlement des électeurs et les centres de vote lors de la tenue des élections.
Ainsi, les sourds non accompagnés ont du mal à interagir avec les agents électoraux. Raison pour laquelle, AJDDH a mené des plaidoyers tant auprès de la Céni Tshopo que des autorités politico-administratives, en proposant des pistes de solution.
A ce stade, ce projet de l’ONG-AJDDH a contribué à l’amélioration du taux d’enrôlement des sourds à Kisangani. J’ai hâte de voir le résultat que cela va produire le jour des élections de décembre 2023.