Chaos électoral, défis logistiques, fraudes massives, trafic d’influence, violences… Les élections du 20 décembre 2023 en RDC ont suscité de vives critiques. Cependant, quelques points positifs méritent d’être soulignés et consolidés pour les prochaines échéances électorales.
Contesté dès son démarrage, le processus électoral de 2023 a donné raison aux critiques formulées à son encontre par les acteurs politiques et la société civile. La récente invalidation par la Céni de certains candidats aux législatives nationales pour fraudes et détention à domicile des machines à voter, a mis à nu les irrégularités qui ont entaché ce processus. Mais en dépit de ces faiblesses, la Céni a réussi à mener les opérations de manière à éviter au pays des tensions post-électorales graves. Je vous explique comment.
Respect du délai constitutionnel
Amorcé en retard suite au manque de consensus dans la désignation des animateurs de la Céni, le processus électoral de 2023 n’a pas connu de glissement de calendrier comme celui de 2018 où les élections, initialement prévues en 2016, ont été reportées à maintes reprises.
Ce respect du délai constitutionnel a renforcé la confiance du public envers la Céni et peut-être même envers le président Félix Tshisekedi perçu comme respectueux de la Constitution. Par ce respect des délais, la Céni a également évité à la nation des tensions sociales et politiques liées aux contestations et revendications électorales comme c’était le cas en 2015.
Inclusivité …
Un autre point positif de ces élections a surement été son caractère inclusif, en dépit de l’exclusion de de certains territoires suite aux problèmes sécuritaires. Matata Ponyo, le candidat président qui avait des démêlées avec la justice congolaise dans l’affaire Bukangalonzo, a vu son affaire être renvoyée par la Cour constitutionnelle pour lui permettre, entre autres, de compétir à la magistrature suprême. Une éventuelle décision de justice le condamnant avant les élections l’aurait certainement rendu inéligible.
Le challenger direct de Felix Tshisekedi, Moise Katumbi, n’a pas non plus été inquiété par la justice sur les doutes au sujet de sa nationalité. Les requêtes en invalidation introduits contre lui n’ont pas été retenues par la Cour constitutionnelle.
En outre, pour la toute première expérience, les Congolais de la diaspora dans cinq pays ont pu exprimer leurs voix en participant à l’élection présidentielle. Aussi, dans les chefs-lieux des provinces, les élections municipales ont été organisées donnant ainsi la possibilité aux citoyens de choisir leurs dirigeants de proximité et de participer à la gestion de la chose publique au plus bas niveau de l’échelle.
Cette inclusivité a permis d’apaiser les frustrations et les sentiments d’exclusion, renforçant ainsi la légitimité du processus électoral, en donnant à tous les acteurs une chance équitable.
Résultats partiels
La publication progressive des résultats à l’élection présidentielle qui est l’une des innovations des élections du 20 décembre 2023, a également permis de réduire les spéculations, les fakenews et les rumeurs qui circulaient au lendemain des élections. Cette technique de publication progressive et actualisée a contribué à dissiper les doutes et à prévenir les tensions liées à l’incertitude.
Je pense qu’il ne faut pas jeter le bébé et l’eau du bain. Loin de nous toute idée d’autosatisfaction. Mais avec un peu de recul, on peut dire que les élections du 20 décembre, ont avancé tant soit peu la démocratie congolaise sur certains aspects.