Moins de six mois nous séparent du 20 décembre, date fixée pour la tenue des élections générales en RDC. Sur le terrain, la Centrale électorale s’emploie à respecter l’échéance en exécutant son calendrier. Déjà ce lundi 26 juin, c’est le début du dépôt de candidatures pour les législatives. La loi portant répartition des sièges a déjà été adoptée à l’Assemblée nationale. Bref, la machine électorale est en marche.
Pourtant, dans les QG des partis politiques, le climat diffère. Si l’Union sacrée de Félix Tshisekedi semble se mettre au diapason des enjeux avec une restructuration de fond dans les différents regroupements qui composent la plateforme, cela ne semble pas le cas dans les rangs de l’opposition où l’on préfère trouver des subterfuges pour esquiver le scrutin. Durant les mois de mai et de juin, l’opposition a multiplié des manifestations pour dénoncer ce qu’elle qualifie de « processus électoral chaotique », tout en exigeant le réaménagement de la Cour constitutionnelle et du bureau de la Céni.
Les opposants dénoncent également un fichier électoral pas crédible à leur goût. Voulant une chose et son contraire, les mêmes opposants exigent en même temps le respect des délais constitutionnels en ce qui concerne le mandat du président de la République. Comment répondre à des revendications aussi contradictoires ?
Sur le plateau de France 24, le ministre Patrick Muyaya a laissé entendre que se pencher sur les plaintes des opposants serait dresser le lit au glissement du calendrier. Bien évidemment, cela semble être l’objectif ultime de l’opposition.
Aussi curieux que cela puisse paraitre, le régime qui aurait tout intérêt à repousser les élections semble le plus disposé à les affronter. Tout le contraire de 2016 quand le régime de Kabila avait évoqué le manque de moyens pour s’offrir deux ans de prolongation. Aujourd’hui, dans un contexte d’austérité avec l’effort de guerre à soutenir suite à la barbare agression rwandaise dans l’est du pays et le conflit interethnique aux portes de Kinshasa, le gouvernement a su faire l’impossible en dotant la Céni de moyens conséquents pour sa mission.
« Gagner le temps »
Apparemment, non préparée et pas très bien structurée, l’opposition veut se donner le temps avant d’affronter une machine aux apparences bien huilées de Félix Tshisekedi. « Il faut gagner du temps tout en poussant Tshisekedi à la faute », m’a d’ailleurs confié sous anonymat un proche d’un des quatre leaders de l’opposition en vue.
Aussi, il est difficile de pointer aujourd’hui le vrai challenger du président sortant parmi les opposants qui ont pris cinq ans à s’embrouiller plutôt qu’à bâtir un vrai leadership.
Si les uns ont passé leur temps à faire des navettes opposition-majorité, d’autres se sont distraits dans un débat utopique et dépassé sur la « vérité des urnes ». Une autre catégorie souffre de ses accointances avec l’ancien régime et a donc du mal à convaincre la population.
Dans cet imbroglio, six mois paraissent clairement insuffisants pour rattraper le retard pris. Autre défi, se choisir un candidat commun capable de défier le président sortant dans le cadre d’un scrutin à tour unique. Là encore, difficile de parier sur une entente entre les quatre candidats annoncés de l’opposition.
Cerise sur le gâteau, le FCC de Joseph Kabila qui demeure la première force de l’opposition n’a toujours pas dit clairement sa position. Pour cette opposition, il est donc clair qu’un report doit être inévitable. Sauf que Félix Tshisekedi, en bon fils du Sphinx, apparait déterminé à ne pas cracher sur la mémoire de son démocrate de père. Toutes les batteries tant juridiques, financières que logistiques semblent être mises en marche pour le 20 décembre.
La Céni est prête, la majorité se prépare et le peuple n’attend que ça. Toutefois, cela pourrait finalement ressembler à des noces sans épouse, avec une opposition loin d’être prête pour le jour J qui approche à grands pas.