Alors que la population réclame l’élection présidentielle, la Ceni publie plutôt un calendrier des élections des gouverneurs des 11 provinces. Celles-ci devraient avoir lieu le 26 août. Pourtant, trois des provinces concernées par cette élection ne réunissent pas les conditions. Il s’agit du Haut-Katanga, du Kasaï-Central et de la Tshuapa.
Légalement, les fonctions de gouverneur de province prennent fin par démission, décès, empêchement définitif ou à la suite d’une motion de censure votée contre le gouverneur à l’Assemblée provinciale. Or, dans le cas des provinces du Haut-Katanga et du Kasaï-Central, ces cas de figure n’ont pas eu lieu.
Au Kasaï-Central, le gouverneur Alex Kande Mupompa est en vie et bien portant. Il n’a jamais démissionné ni n’a fait l’objet d’une motion de censure à l’Assemblée provinciale. Il n’a jamais non plus déclaré avoir un empêchement définitif. Dans ces conditions, le remplacer parce que sa tête ne plaît plus au régime, c’est violer la Constitution de manière frontale. Hélas, c’est ce que la Ceni s’apprête à faire le 26 août.
Dans le Haut-Katanga, le gouverneur Jean-Claude Kazembe a certes été destitué par l’Assemblée provinciale, mais en raison des irrégularités lors de cette destitution, la Cour constitutionnelle a rendu un arrêt le réhabilitant dans ses fonctions. Légalement, le verdict de la Cour constitutionnelle est sans appel. Là également, chercher à le remplacer c’est non seulement violer la Constitution, mais aussi se moquer de la Cour constitutionnelle qui l’a réhabilité. C’est la même chose dans la province de la Tshuapa.
La Ceni, un instrument du régime
Depuis 2006, la Ceni n’a jamais prouvé son indépendance vis-à-vis du régime de Joseph Kabila. Au lieu d’être un organe d’appui à la démocratie, elle se comporte plutôt comme un organe d’appui à la majorité présidentielle. Aujourd’hui encore, la Ceni prouve qu’elle est un instrument du régime, une sorte d’outil électoral pour le gouvernement. La preuve : sur ordre du gouvernement, elle s’apprête à organiser un scrutin illégal dans le Haut-Katanga, dans la Tshuapa et au Kasaï-Central, deux provinces où les gouverneurs en fonction sont dans la légalité pour continuer à diriger leurs entités.
Embarrassées elles-mêmes par cette démarche anticonstitutionnelle qu’elles s’apprêtent à effectuer, les autorités de la Ceni déclarent : « Nous ne faisons que répondre à la demande du ministre de l’Intérieur. C’est lui qui connaît là où il y a vacances au pouvoir dans les provinces. »
Le gouvernement et la Ceni savent très bien ce que réclame la population : ce sont les élections générales cette année 2017 pour l’alternance au sommet de l’État. Les élections des gouverneurs – du reste partielles car ne concernant que 11 provinces sur 26 – ne sont pas une priorité. Le gouvernement et la Commission électorale nationale indépendante doivent cesser de distraire l’opinion.