Depuis l’ordre d’évacuation en raison de nouvelles menaces du Nyiragongo, des milliers d’habitants de Goma ont fui la ville, la peur au ventre, sans aucune assistance. Epuisées, traumatisées, affamées, plusieurs familles sont réfugiées dans la cité de Sake, à une vingtaine de kilomètres de Goma, sans savoir de quoi sera fait le lendemain.
Ce sont 80.000 ménages, soit environ 400.000 habitants, qui ont évacué la ville de Goma jeudi 27 mai, selon les autorités provinciales. La plupart ont pris la direction de la cité de Sake, d’autres sont allés à Rutshuru, Bukavu ou encore Rubavu au Rwanda. L’assistance à ces personnes déplacées devrait être une priorité absolue, car elles vivent dans le dénuement total.
L’aide humanitaire se fait toujours attendre
Malgré l’annonce de l’aide du gouvernement congolais et de ses partenaires en faveur des populations déplacées, la situation humanitaire dans les lieux d’accueil est très préoccupante. Les conditions de vie sont tellement difficiles que certains déplacés, comme Masika Mwavita, ont décidé carrément de retourner à Goma.
Mère d’une famille de cinq enfants en déplacement, Masika Mwavita est dans le désarroi. Elle raconte son désespoir : « Beaucoup parmi nous, passent la nuit à la belle étoile. Nous n’avons accès ni à l’eau ni à la nourriture en raison de la hausse vertigineuse des prix des denrées alimentaires. Je préfère rentrer avec ma famille chez moi à Goma et attendre que la lave vienne me tuer. »
Janvier Somasoma est dans la même situation. Il a fui l’éruption du volcanavec sa femme enceinte et ses deux enfants. Et il ne cesse de s’interroger sur la destination des fonds d’aide humanitaire urgente annoncés par les partenaires du gouvernement : « Regardez comment nous vivons dans un camp sans tentes, ni rien du tout. Où sont donc ces fonds annoncés ? Il faut qu’on envoie urgemment ces fonds pour sauver des vies, sinon ils serviront à l’enterrement de tous ces déplacés ici ! »
Des moyens limités, une solidarité limitée
Dans les différents camps, les déplacés essaient de survivre jusque-là par les moyens du bord. Les habitants de Sake font preuve d’une solidarité et d’une hospitalité exemplaires. Des familles, des églises et des écoles locales ont ouvert leurs portes pour loger les déplacés.
Depuis le 23 mai, le mouvement citoyen Lucha a lancé une campagne de collecte de fonds dénommée « Goma SOS Volcano ». Grâce à cette campagne, la Lucha apporte une modeste assistance alimentaire, notamment une tasse de bouillie chaque matin à une centaine de déplacés.
Bref, il est plus qu’urgent que les autorités compétentes et les agences humanitaires s’activent pour assurer le minimum vital aux déplacés. Avec la promiscuité qui restreint l’accès à l’eau potable dans les camps, si rien n’est fait en toute urgence, on devra s’attendre à ce que la famine, les épidémies et les intempéries fassent plus de morts et de dégâts que l’éruption volcanique elle-même.