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Faites-nous aimer la RTNC !

« L’association des ressortissants de… félicite le président Félix Tshisekedi pour son élection à la présidence de la République… » Ces messages de félicitation inondent la Radio télévision nationale congolaise (RTNC) au point de bourrer tout le journal. Qui suivrait un journal qui n’est fait que des hommages au chef de l’État ? Trop d’éloges à l’égard des autorités tuent la beauté du journalisme. Et cela me dérange.

Je me souviens que pendant le mandat de l’ancien président Joseph Kabila, l’émission Congo histoire, qui dure plus que toutes les émissions de la RTNC, passait des heures à critiquer et humilier les adversaires politiques du régime au pouvoir. L’animateur de cette émission – Lushima Ndjaté – a déjà écopé de plusieurs sanctions du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC). Ce n’est pas tout. Lors de la campagne électorale du mois de décembre dernier, les caméras de notre chaine publique nationale n’avaient d’yeux que sur Shadary, candidat du FCC, regroupement politique de Joseph Kabila.

Cette déification du pouvoir à la télévision nationale a existé depuis l’époque de Mobutu. Si vous avez vécu à cette époque, vous vous souviendrez  de cette image où l’on voyait Mobutu sortir des nuages, toque en peau de léopard sur la tête, donnant l’impression d’un être surnaturel venant du ciel avant chaque édition du journal de l’OZRT (Office zaïrois de radiotélévision, appellation de la RTNC à l’époque de Mobutu. NDLR).

Aujourd’hui, comme Seth Kikuni, je suis tenté de dire que le problème de la RTNC ne serait peut-être pas matériel, mais plutôt lié à son personnel  qui ne s’adapte pas à l’évolution de la profession et des temps. J’ai voulu vérifier cela et je constate que c’est la vérité.

Rencontre avec la DG de la RTNC

Souffrez ici que je vous raconte une visite que j’ai effectuée l’année dernière à la RTNC. En fait, nous étions à deux et nous voulions rencontrer le responsable de ce média pour lui proposer une solution innovante et optimiser la présence de la RTNC en ligne en tant que média de référence. Proposition de projet écrit, concept note élaboré, vestes apprêtées, tout est fait pour soigner notre présentation.

Devant l’entrée militarisée de la concession de la RTNC, nous attend un proche qui nous a promis de nous introduire auprès de la DG en personne. Après quelques formalités de sécurité, nous voici à l’intérieur du grand et vieil immeuble de ce média public surnommé « la voix du peuple ». Nous montons à quelques étages supérieurs à pied pour rencontrer la première autorité de la structure. « Notre ascenseur ne marche pas ces derniers temps … », s’excuse notre accompagnateur.

Arrivés à l’étage où se trouve le bureau de la directrice générale, on nous installe dans une antichambre où nous trouvons plein d’autres gens qui ont eux aussi pris rendez-vous avec la DG de la RTNC. Des membres d’associations de soutien à madame la DG, des demandeurs de dons, des artistes venus lui présenter des tableaux à son effigie…. Tous nous sommes entassés dans ce petit bureau de près de cinq mètres carrés.  L’entrée dans le bureau de madame la DG ne dépend pas de l’ordre d’arrivée, mais du degré de relations que vous avez avec sa chargée du protocole… Après trois longues heures d’attente, ma patience a atteint ses limites… Fâché, je décide d’aller parler à la chargée du protocole : « Madame…. ». Je n’ai même pas encore fini mon propos qu’ elle s’en prend à moi : « Bozalaka pe mutema yako kita ko ! C’est votre tour bo kota, bo kota. » (Essayez d’être patients quand-même ! Ok, c’est votre tour. Entrez maintenant).

C’est ainsi que nous avons pu rencontrer la DG de la RTNC. Enthousiaste sur le sujet de notre discussion, elle nous propose même d’organiser une formation sur les Nouvelles technologies de l’information et de la communication conjointement avec leur département des TIC. « Vous avez mon accord… Nous avons des initiatives qui vont dans ce sens-là, on manque juste un peu de sang neuf pour accompagner tout ça. Vous avez tout mon soutien… », nous dit la DG.

C’est donc tout souriants que nous nous dirigions vers la direction des services TIC pour rencontrer le responsable sur recommandation de la DG afin de voir avec lui comment organiser la suite.

Conflit de générations

L’intéressé, un vieux de près de 50 ans, est absent de son bureau aux heures de service ! Nous le rencontrons dans une terrasse d’en face, assis en prenant sa bière fraiche, et écoutant la rumba congolaise. Explications après explications – je vous épargne les détails – il finit par « comprendre » notre proposition, dit-il en hochant sa tête.  « Vous savez, nous avons déjà la bande passante que vous voyez sur vos petits écrans… C’est déjà une avancée technologique. Tout ce que vous proposez là aussi est en conception. Le site, les formations, les comptes sociaux… on connait tout ça… », ajoute-t-il confiant.

Il poursuit : « J’ai suivi beaucoup de formations et j’ai plus de 15 ans d’expérience dans le métier. Malheureusement, les jeunes qui finissent l’université aujourd’hui pensent savoir plus que les vieux qui ont duré longtemps dans ce métier…. » L’homme avale une gorgée de sa bière, dépose le verre sur la table et casse une gousse d’arachide. Puis, il nous regarde et commence à nous prodiguer des conseils en paraboles, comme s’il se sentait menacé. Il finit son propos par cette question : « Pensez-vous connaitre ce métier mieux que nous ? » Dans ma tête, ce que je craignais finit par se confirmer : le conflit de générations.

Ce ne sont pas les matériels qui manquent à notre chère RTNC. Aucun média congolais n’est mieux outillé qu’elle, tant en infrastructure qu’en équipements techniques. Cependant, tant que ceux qui y travaillent n’auront pour objectifs que la conservation de leurs postes, l’innovation n’aura pas de place et le conflit de générations sera toujours de mise. Alors, s’il vous plaît, faites-nous aimer la RTNC !

 

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Les commentaires récents (3)

  1. Merci Lemien de nous partager ton expérience qui est un fait réel dans toutes les stations provinciales de la RTNC et dans la fonction publique de façon général. Toutefois je voudrais également y ajouter une autre réalité qui sévit présque dans tout les médias publics du monde et surtout dans les pays où la démocratie est fragile. C’est justement l’interférence de l’autorité publique dans la gestion quotidienne de ce types des médias. Ils ont l’obligation de vendre l’image du pouvoir et de toutes les institutions, mais pas jusqu’au grand mépris de principes fondamentaux du journalisme. Malheureusement ce fut le cas de la RTNC par le passé. Une fois en formation à Kin l’année passée, un confrère du dit médias me dira :  » chez nous, après la conférence de redaction, le secrétaire de redaction envoit le conducteur au DG pour la 1ère censure. Ce dernier envoit le papier au chef de poste de l’ANR basée là pour la 2ème censure. Après le papier fait le zoom back jusqu’à la redaction. Alors l’équipe peut se déployer sur terrain. La question qu’on peut se poser est celle de savoir d’où est venue cette démarche? A lubumbashi certains confrères envillent les journalistes des autres médias à cause des restrictions de la liberté de presse leurs imposées par les pouvoirs. Ajouter à celà le militantisme de certains animateurs et leurs couvertures du fait d’appartenir au parti ou groupement politique du président ou gouverneur. Nous attendons voir des signaux forts avec le nouveau régime pour que la RTNC joue effectivement véritable rôle et se placer au milieu du village.

  2. Bel article. Je pense qu’il est toujours possible de trouver un autre chemin pour faire aboutir la démarche. Etre sur internet de nos jours est rentable, peut-être que le directeur ignore qu’il a une fenêtre qu’il peut exploiter pour davantage récolter l’argent pour l’essor de son département en particulier et de la RDC en général. Il prive donc l’Etat les moyens de sa politique c’est qui une infraction. Je souhaite que l’équipe tente de le voir une fois de plus, accompagnée cette fois de ses pairs qui ont maîtrisé l’importance du web en dépit du fait qu’ils aient plus de 50 ans. Le magazine Business finance, ce journal qui cartonne est l’oeuvre d’un sexagénaire

  3. Ce pitié avec notre fameux pays
    Ce l’une de cause de manque d’emploie dans notre pays et la manque d innovations dans nos artivites
    Et on pense que nous sommes bien assit
    Sur les vases solides , oui bien sure mais alors d’autre peuple cherche a calculer la probabilité de leurs survie face a la modernisation et l innovation .dans nos pense toujours l idée de conserver sa place , se faire sentir

    Toujours des conflits de génération !!!
    Non ce pas normal
    On doit mettre fin a tout ça