A Mbujimayi où il a séjourné pour participer au jubilé d’argent de l’évêque local, Monseigneur Bernard Kasanda, le chef de l’État s’en est violemment pris à certains prélats de l’Eglise catholique sans les nommer. Pour lui, il y a des individus dans l’église qui « ont pris une tendance dangereuse qui risque de diviser le pays ».
J’ai suivi personnellement le discours de Félix Tshisekedi au stade Kashala Bonzola à Mbujimayi. En fait, le chef de l’État accuse l’Eglise catholique de parti pris. Il estime qu’elle roule pour un camp politique au lieu d’être neutre. « L’église doit être au milieu du village. Elle doit être au milieu des Congolais. Elle doit prêcher l’amour, l’unité et l’égalité. L’église doit accompagner toutes les filles et tous les fils de la République qui sont en politique de la même manière, sans distinction aucune », a martelé Félix Tshisekedi, en présence de Monseigneur Marcel Utembi, président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco).
« Une dérive dangereuse dans l’Eglise catholique » ?
Alors qu’il fait déjà face à une opposition de plus en plus déterminée, le chef de l’État choisit d’ouvrir un nouveau front, cette fois-ci contre les « hommes de Dieu ». Il a dénoncé des dérives dans l’Eglise catholique en ces termes : « C’est ici l’occasion pour moi de tirer la sonnette d’alarme par rapport une certaine dérive constatée au sein de l’Eglise catholique, une dérive que je qualifierais de dangereuse, surtout en cette année électorale. »
A mon avis, je doute que ce soit pour lui la meilleure idée de s’attaquer à l’Eglise catholique en cette période où lui-même en tant que président, doit résoudre plusieurs problèmes à la fois : crise sécuritaire, vie chère, dépréciation du franc congolais, etc.
Néanmoins, Félix Tshisekedi affirme qu’il va continuer à entretenir de meilleures relations avec l’église en général et l’Eglise catholique en particulier. Mais il promet d’employer la manière forte contre tout celui qui jouera le jeu de mettre en danger la sécurité et la stabilité du pays.
Le chef de l’État a terminé son discours par des mots très fermes, mais un peu dangereux pour la démocratie. Il a déclaré : « Je ne reculerai pas devant les menaces et les intimidations. […] Je m’attaquerai sans hésitation, ni remord, à tout Congolais qui mettrait en danger la sécurité et la stabilité de notre pays. Peu importe ce qu’on en dira : ‘violations des droits de l’homme’, ‘privation des libertés’, je n’en demorderai pas ! Parce que démocrate je suis, démocrate je resterai. Je n’ai aucune leçon à recevoir de qui que ce soit dans ce domaine ! »
Pour moi, le président ferait mieux de mettre de l’eau dans son vin. Il devrait surtout éviter de se mettre à dos une église aussi puissante que l’Eglise catholique.