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Insécurité à Kinshasa : faut-il un visa pour séjourner dans la commune de Kisenso ?

L’opinion publique congolaise a réagi à l’annonce du projet d’établir un visa pour les non-résidents de la commune de Kisenso à Kinshasa. Ce projet, mis en avant par le bourgmestre comme une solution pour lutter contre l’insécurité, a été rejeté le 18 décembre 2024, lors d’une rencontre entre le gouverneur de Kinshasa, les bourgmestres et les présidents des Conseils communaux.

Outre le fait que ce projet allait consacrer une obstruction à la liberté de mouvement garantie par la Constitution, mais on se demande quelles mesures le bourgmestre de Kisenso allait prendre pour identifier les flux migratoires internes et démasquer d’éventuels suspects. Car, lorsque des Kuluna sont identifiés ou traqués dans un quartier ou une commune, ils changent juste de quartier pour se faire oublier.

Des quartiers incontrôlés

Certaines communes de la ville (notamment dans l’Est) à la Tshangu par exemple, sont perçues comme des cachettes pour des bandits, des  kidnappeurs ou tout autre type d’escrocs. Faute de structures locales consolidées, les chefs d’avenues ne remontent pas systématiquement les mouvements des populations aux chefs de quartier. Dans une ville de 20 millions d’habitants, avec une rébellion armée à ses portes, menée par les miliciens Mobondo qui font des incursions régulières dans les faubourgs et les zones périurbaines telles que Maluku ; cette faille dans le renseignement est un risque grave.

En 2008 déjà, la mairie de Lubumbashi imposait un titre de séjour pour nationaux dans le but, là aussi, de réguler la circulation des personnes dans un objectif sécuritaire. C’est à se demander si cette initiative est réellement une solution sécuritaire adaptée, quand on sait la facilité avec laquelle, on peut obtenir un document administratif grâce à la corruption.

L’est du pays : un exemple ?

Dans l’est de la RDC, un concept est expérimenté comme moyen de prévention du banditisme et du terrorisme : le Nyumba Kumi. Importé du Rwanda depuis 1997, il encourage les habitants à interagir et à partager constamment des informations les uns sur les autres. On attend d’eux qu’ils surveillent les menaces à la sécurité et fournissent des informations à l’administration locale et aux organes de sécurité. Cette structure repose sur le Nyumba Kumi (un responsable chargé de superviser la surveillance de 10 maisons) et les Nyumba Tatu (en charge de trois maisons).

Le chef des 10 maisons fait rapport aux chefs d’avenues qui le font remonter jusqu’aux chefs de quartier. Kinshasa, avec sa configuration démographique actuelle, doit-elle adopter cette méthode sans courir le risque de se transformer en État policier ? Surtout quand on sait que ce ne sont pas des documents à acheter qui règleront les questions de sécurité dans la capitale de la RDC.

 

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