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Les jeux d’argent non encadrés en RDC : un danger pour les parieurs

Historiquement, les Congolais se sont appuyés sur des systèmes financiers informels, tels que les tontines, pour pallier les carences des institutions bancaires. Ces mécanismes communautaires de solidarité ont facilité l’émergence des jeux d’argent, perçus comme une extension naturelle de ces pratiques. La création de la Société zaïroise de loterie (Sozal), a institutionnalisé ces jeux pour répondre aux besoins d’une population confrontée à une inflation galopante.

On se rappelle encore des fonctionnaires qui, lorsqu’ils percevaient leurs maigres salaires, se ruaient devant les kiosques pour parier sur des courses de chevaux, dans l’espoir de multiplier par dix ou vingt, les miettes que leur versait l’Etat. Cependant, cela a rapidement ouvert la voie à des abus, notamment avec la prolifération de systèmes de type pyramidal tels que Bindo-Promotion et Nguma à Kinshasa.

Les conséquences économiques et sociales

Le modèle économique de Bindo-Promotion reposait sur des promesses irréalistes, offrant des taux d’intérêt annuels qui pouvaient dépasser les 1 000 %. Cet engouement, alimenté par le manque d’éducation financière et l’absence de régulation efficace, a créé une véritable frénésie populaire. Fonctionnaires, soldats, étudiants ont injecté des fonds importants dans ces systèmes, espérant des retours de gains rapides.

Rapidement, le modèle économique qui soutenait ce système a montré ses limites. L’incapacité de Bindo-Promotion et Nguma à honorer leurs engagements a englouti des millions de dollars, aggravant une économie déjà en crise. Les militaires, frustrés par la perte de leurs soldes investis et par le refus des commerçants de consommer les billets de banque boycottés par l’opposition et qu’on leur donnait comme soldes, ont exprimé leur frustration par une mutinerie qui a débouché sur les pillages de 1991.

Une répétition possible ?

Aujourd’hui, les paris sportifs en RDC suscitent des inquiétudes similaires. L’affaire MyGold Rev et Dutch International, a ruiné des familles qui se sont endettées ou ont vendu des biens, dans l’espoir d’un enrichissement rapide et sans effort. Quel est donc ce commerce où l’activité peut générer plus de 100 % de bénéfices en si peu de temps ? Même le trafic d’armes et de drogues ne rivaliserait pas.

Les jeux d’argents sont la résultante de l’absence d’une politique entrepreneuriale et d’éducation financière. Ils ont pour conséquences de permettre à l’économie informelle non encadrée de détruire le tissu socioéconomique.

 

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