article comment count is: 0

RDC: justice pour Floribert Chebeya et pour l’état de droit

Il y a dix ans, étaient assassinés Floribert Chebeya et son chauffeur. Chebeya était l’un des vaillants activistes des droits humains que la RDC ait connus. Dix ans après, la justice est toujours attendue pour qu’il repose enfin en paix. Une éternité pour sa famille, celle de son chauffeur et pour la République. Mais visiblement, il faudra attendre longtemps, ou oublier.

De présumés plus innocents que coupables cités depuis dix ans. Et des poursuites au point mort. Simplement parce que ceux qui auraient donné les injonctions d’en finir avec Floribert Chebeya sont aussi ceux qui contrôlent les pouvoirs au pays. Pourtant, un acquittement ou une condamnation définitive aurait peut-être pansé les plaies de plusieurs cœurs blessés. Particulièrement en ces jours où l’on chante l’état de droit. Un état de droit qui pose des questions plus qu’il ne les résout.

Des morts innocents jamais vengés, des tueurs jamais jugés

L’histoire récente de la RDC liste plusieurs têtes tombées au nom de la lutte pour la démocratie. Les auteurs sont autant connus que leurs victimes, mais la justice n’a pas mieux que son silence à offrir. Et le nouveau pouvoir ne semble pas avoir plus d’assurance à donner que ses prédécesseurs.

On croirait que « défenseur de droit » de l’homme est un titre maudit au Congo-Kinshasa. Un état de droit visiblement sans droit ni justice. Et le cas de Chebeya en est une parfaite illustration. Il était la voix des sans voix.

Les meurtres et assassinats de grands noms devraient être enfin clarifiés. Ces martyrs de la démocratie, comme Rossy Mukendi tué en 2018, ont tous connu des procès sans issue. Quelle douleur pour la mémoire de Luc Nkulula ou du soldat Mamadou Ndala dont la mort demeure mystérieuse !

Moi qui ai pris des années à espérer, j’en déduis que mes dirigeants m’ont encore menti. Ils ont menti au peuple. Le général John Numbi, cité dans l’affaire est toujours libre et en paix, malgré la condamnation en 2011 d’un colonel de police.

Félix Tshisekedi devrait se distinguer de Joseph Kabila

Une conclusion alors s’impose : pas de justice, ni pour les pauvres ni pour les justes en RDC. C’est la faiblesse que Kinshasa entretient depuis des décennies malgré les discours de bonnes intentions. Je pense pourtant que tous ces héros méritent hommages et justice. Félix Tshisekedi leur doit cela pour avoir promis de restaurer l’état de droit au pays. Sauf s’il ne peut mieux faire que Joseph Kabila. J’espère en tout cas qu’il ne protège pas son prédécesseur qui a réussi à faire tuer des citoyens même dans leurs lieux de prières.

Attention, l’impunité est un virus mortel

Il l’a promis, mais le fera-t-il ? C’est ici, entre autres, que Tshisekedi doit prouver en quoi il est différent des autres. Nul besoin de lui rappeler que l’impunité est parmi les faiblesses de son pouvoir. Et rendre justice, loin des intérêts politiques, ne voudrait pas dire fouiner dans le passé comme il se refuse à le faire.

Les valeurs démocratiques ne peuvent croître dans un État d’impunité. D’ailleurs, ne pas fouiner dans les crimes passés est une injustice, rappelait un contributeur de Habari RDC. Félix Tshisekedi doit donc s’assumer. Sans la vraie justice, l’arbitraire l’emportera toujours. Et les bons discours n’y changeront rien.

 

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion