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Rossy Mukendi, le cauchemar de Kabila ?

Les autorités de la République démocratique du Congo n’ont manifestement pas eu vent de cet ancien ministre camerounais de la Communication, Augustin Kontchou Kouomegni, qui traîne comme un boulet le surnom de « zéro mort » pour avoir affirmé, contre toute évidence, qu’une manifestation étudiante réprimée dans le sang n’avait abouti à aucun décès.

Comme ce politicien aveuglé, la police congolaise s’était fixé un objectif de « zéro mort », ce dimanche 25 février, lors des marches organisées à la sortie des messes à l’appel du Comité laïc de coordination (CLC). Bien sûr, un objectif n’est jamais une garantie, même si nul n’ignorait que les précédentes répressions avaient été sanglantes. Les deux dernières manifestations avaient fait, selon l’Église, une quinzaine de morts… seulement deux d’après les autorités. Du vœu pieu à la dénégation d’évidences, il semble n’y avoir qu’un pas.

Que dire des déclarations du porte-parole de la police, le colonel Pierrot-Rombaut Mwanamputu qui dressait, en début de soirée dominicale, à la télévision nationale, un bilan de la journée sans aucune victime ? Pourtant au moment même où il s’exprimait, circulait déjà la dénonciation, notamment par Human Rights Watch, de la mort de l’activiste Rossy Mukendi. Le membre pacifiste du mouvement des citoyens du Collectif 2016 a été « abattu dans la commune de Lemba à Kinshasa ».

« Le peuple gagne toujours »

Ce régime que l’on accuse de surdité, face aux doutes que suscite un processus démocratique poussif et incertain, pratique donc la stratégie du déni. On est là bien au-delà de la méthode Coué. Comme si ce qui n’était pas dit n’existait pas, il suffirait d’étouffer les tirs à balles réelles pour « effacer » la trace publique des meurtres de militants. Mais les coupures récurrentes des réseaux sociaux, le refus de répondre à bien des organes de presse internationaux et la dénonciation de présumés caillassages « délinquants » de policiers à l’approche de barricades, ne couvrent d’aucun voile pudique la réalité tragique : Rossy Mukendi est mort, tué à bout portant sur le parvis de l’église Saint-Benoît de Lemba. Au moins une autre personne a succombé à ses blessures, à Mbadanka, et un bilan des Nations unies faisait état de 47 blessés –notamment à Kisangani et à Bukavu – et une centaine d’arrestations à travers le pays.

Et maintenant ? Les autorités ont peut-être en mémoire qu’on s’enfonce d’autant plus dans les sables mouvants que l’on s’y agite. Pourtant, il y a des poussières qu’on ne peut dissimuler sous le tapis. Des enquêtes cosmétiques sujettes à caution ne suffiront pas à rendre hommage aux victimes de ce dimanche, ni à préserver la RDC de nouveaux drames. « Le peuple gagne toujours », aimait répéter Rossy Mukendi. Ce slogan fait florès depuis son décès…


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