article comment count is: 1

#KinBopeto : un gros budget pour des résultats insignifiants

Kinshasa bopeto (Kinshasa ville propre), voilà un slogan de plus dans un pays qui en raffole. Kinshasa baigne dans une insalubrité très prononcée depuis bien des années. C’est pour pallier cette réalité que le gouverneur de la ville a initié Kinshasa bopeto, un vaste programme d’assainissement. Lancé le 19 octobre 2019 par le président de la République, l’opération patauge. La faute au financement ?

Récemment sur Habari, j’ai lu un billet de Giresse Lumbala sur les constructions inachevées. Avant lui, Junior Ngandu parlait de nombreuses enquêtes sans suite. En RDC, on adore les effets d’annonce. Kinshasa bopeto était un projet ambitieux visant à rendre la capitale propre et exempte de vecteurs de maladies. Chaque année, ce projet étalé sur cinq ans, devrait coûter un peu plus de 363 millions de dollars américains au gouvernement provincial.

Un pari risqué, quand on connaît les réalités kinoises et plus généralement congolaises en matière de passage difficile des paroles aux actes. Curieusement, quatre mois après le lancement de Kin bopeto, l’Assemblée provinciale de Kinshasa a voté l’édit budgétaire chiffré à un peu moins de mille milliards de FC, soit environ 525 millions de dollars. Ce calcul fait, pour réussir son pari de Kin bopeto, le gouvernement provincial était dans l’obligation de consacrer 69% de son budget à l’assainissement. Pourtant, les initiateurs du programme n’y prévoyaient qu’une enveloppe de 20% du budget annuel de la ville.

S’il faut s’en tenir à ce ratio, en 2020, seulement 105 millions de dollars devraient être consacrés à Kin bopeto, une enveloppe insignifiante pour assainir une ville qui déverse chaque jour entre 7 et 10 milles tonnes de déchets.

Kimbuta et ses chiffres modérés

Selon des chiffres de la Banque mondiale avancés par André Kimbuta, ancien gouverneur de Kinshasa en 2017, il faudrait plus ou moins 30 dollars pour collecter une tonne de déchets, soit environ 300.000$ pour tous les déchets quotidiens de Kinshasa. Annuellement, 110 millions de dollars serait suffisants. 3 ans plus tard, les chiffres ont triplé. Et pour quel résultat ? Qui de Kimbuta ou de Ngobila a raison ?

A la coordination de Kinshasa bopeto, tout ce qui a trait au financement du projet est un sujet tabou à éviter absolument. Nos sollicitations pour en savoir plus sur l’affectation des fonds ont essuyé un refus poli.

Des camions et des primes fantômes

Dans l’euphorie du lancement de l’opération, il a été annoncé l’acquisition par la ville de 300 camions pour le ramassage des immondices. Malheureusement, ces engins chargés de recueillir les immondices sont introuvables. Egalement, Germain Mpundu, coordonnateur de Kin bopeto promettait de récompenser chaque mois le meilleur quartier, une prime qu’aucun quartier de Kinshasa n’a touché à ce jour. Ce n’est pas tout. Dans les médias, il a été annoncé ceci : « Un protocole d’entente a été signé entre la République démocratique du Congo et la société Secad, filiale de Panafrican Green Energy, pour exécuter le projet de collecte et d’élimination de déchets ménagers et urbains de la ville, ainsi que l’installation des sept centrales électriques. » Jusqu’à ce jour, nous continuons à attendre la matérialisation de ce projet.

Et si on contribuait tous?

Lors de la deuxième journée de Kin bopeto, Germain Mpundu expliquait aux clean-walkers les défis et les difficultés qu’ils rencontraient. Alors je me demande si impliquer financièrement tout le monde ne serait pas la béquille idéale afin d’éviter à Kin bopeto le sort de « Coup de poing » de Jean Kimbunda ou encore « Kin propre » de Kimbuta.

Les fonds perçus pourraient servir à créer une usine de traitement de déchets. On ferait alors d’une pierre deux coups car plusieurs emplois pourraient être créés. Dans certains pays, il existe des taxes de ramassage d’ordures ménagères. Mieux, il suffirait par exemple de taxer toutes ces entreprises qui fabriquent et importent les produits qui forment les principaux déchets dans la ville : eaux, boissons gazeuses, sachets plastiques…

La taxe-déchet, ça existe dans certains pays. Pourquoi ne pas s’en inspirer ? À condition que les fonds soient réellement utilisés comme prévu !

 

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion

Les commentaires récents (1)