Kinshasa est unique en son genre. Elle a des choses, des manières et des trucs qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Au nombre de ses particularités, il y a les citations en tous genres inscrites sur les bus qui déambulent dans les rues de la capitale.
Je vous parle de ces phrases placardées à l’arrière, à l’avant ou même sur les flancs de certains bus de la capitale. Il y a ces mini-bus Mercedes communément appelés « esprit de mort » en raison des accidents qu’ils causent au quotidien. Si vous vivez à Kinshasa, vous avez sûrement vu ces phrases qui sont pour la plupart pleines d’humour et de leçon de vie.
Au début, les chauffeurs se contentaient d’autocollants discrets ou de versets bibliques collés dans leurs cabines. Mais les choses ont changé. Fini les décorations collées à l’intérieur : place aux grosses inscriptions affichées à l’extérieur. Il s’agit de surnoms, de conseils, de proverbes et même d’énigmes. Bref, il y en a pour tous les goûts. Et ce n’est pas la créativité qui manque aux chauffeurs !
Moyen de communication
Ces phrases ne font pas qu’égayer, elles donnent aussi matière à réflexion et animent les discussions dans la rue. Je me souviens avoir eu un débat houleux avec des amis après avoir lu à l’arrière d’un bus : « Zanga mbongo oyeba mabe ya mwasi » ce qui se traduit par : « Le manque d’argent te fera découvrir la cruauté de ta femme ». Bien évidemment, j’étais contre cette citation ! Et le débat est toujours en suspens aujourd’hui… Ces bus portent aussi des phrases qui incitent au travail et à la prudence.
« Heureusement, maloba na bango, eza nzela na lekaka te », en français : « leurs critiques n’affectent pas mon parcours », peut-on lire dans un bus. Ou encore : « Vie ya moto, lolenge nyekese », « dans la vie, il y a des hauts et des bas ». Ou tout simplement, « pas de relation inutile ». Au-delà du fait d’être des moyens de transport, les bus kinois sont aussi des supports de communication.
Toutefois, ces phrases contiennent parfois des fautes d’orthographe à vous plier de rire ! Malgré cela, on arrive tout de même à saisir le message. Vous savez ce qu’on dit à Kin, « l’essentiel o’comprendre » entendez : malgré les fautes, l’essentiel est de comprendre.
Ce n’est pas gratuit !
Ça nous égaie, ça nous instruit, parfois ça nous fait réfléchir. Mais pour avoir ces inscriptions sur leurs bus, les chauffeurs payent. Eh oui, ce n’est pas gratuit. A moins d’être le frère de celui qui placarde les mots ou que vous sachiez le faire vous-même, il faut payer pour ajouter une touche perso à votre véhicule.
Comme me l’a confié un « Ntshofa » (chauffeur en jargon kinois) : « Les citations sont collées sur les vitres de la voiture moyennant une somme allant de 3000 à 7000 FC. » Bref, ça dépend de l’affinité avec celui qui fait le travail. Si jamais l’envie vous prend de customiser votre voiture avec une citation ou des mots qui vous définissent, ou qui marquent votre appartenance religieuse, sociale ou politique, rendez-vous au rond-point Kimpwanza dans la commune de Kasa-Vubu, c’est là qu’on rencontre les spécialistes du métier!