Construire en hauteur est devenu le dernier réflexe d’un peuple vivant à l’étroit dans la capitale congolaise. Les espaces verts ayant quasiment disparu, les propriétaires fonciers misent de plus en plus sur des immeubles verticaux pour combler le déficit d’espace. Les constructions dépassant un niveau se sont ainsi multipliées, notamment, aux abords du centre-ville et dans les quartiers résidentiels. Une élévation à tout prix qui est le reflet d’une urbanisation anarchique et à gros risques.
Octobre 2013, quartier Basoko, commune de Ngaliema : un immeuble de six étages s’écroule, victime de sa propre mauvaise construction. Trois ans plus tard, en 2016, c’est dans la commune de Kasa-Vubu que survient un drame similaire : un immeuble de cinq étages s’effondre, causant la mort de six personnes. Plus récemment, en mars 2025, un immeuble de huit niveaux s’est écroulé à Mont-Ngafula. À chaque fois, les mêmes causes : fondations fragiles, matériaux inadaptés, absence de suivi technique et autorisation de bâtir délivrée en toute complaisance. Des bâtiments construits trop vite, trop haut, trop mal. Ces drames urbains ne sont pas de simples accidents ; ils sont le reflet d’un système où l’informel dicte sa loi.
Pourtant, Kinshasa ne manque pas d’espace
Plus de 70 % du territoire de la capitale, constitué de plateaux, de plaines et de zones rurales vierges est largement sous-exploité. Avec 9 965 kilomètres carrés, plus de 15 millions d’habitants sont concentrés sur seulement 1 100 kilomètres carrés. Pas étonnant dès lors que la mobilité soit si dense. Nous sommes trop nombreux dans un espace très réduit.
Dans une ville où les autorités peinent à faire appliquer les normes, l’anarchie et la spéculation immobilière se sont imposées. On construit là où l’on peut, pas là où l’on devrait. Et chaque étage ajouté est un risque pour les Kinois.
Une jungle d’immeubles
Aujourd’hui, la prolifération de constructions verticales, souvent érigées sans permis de bâtir, sans ingénierie rigoureuse et sans sécurité, rajoute un autre risque dans la jungle urbaine kinoise. Les morcellements anarchiques des parcelles ont conduit à des situations où des immeubles sont construits côte-à-côte, dans la promiscuité, sans aération suffisante et système de drainage.
En 2025, Kinshasa est une ville sans planification urbanistique. Des constructions s’improvisent à coups de mauvaises briques et de bétons fragiles et mal posés. Conséquences : derrière chaque immeuble qui s’élève, plane la menace d’une tragédie pourtant évitable si l’on fait régner les normes de construction.