Vous habitez à Kisangani ? Vous fréquentez le campus central ? L’Université de Kisangani ? Je suis sûr que vous avez déjà entendu trois expressions courantes et qui ne sont usitées qu’à l’université. Parlons-en, car tous ne les connaissent peut-être pas.
Je suis une ancienne de l’Université de Kisangani. Le vocabulaire de l’époque persiste jusqu’à ce jour. Il y a des étudiants qui passent des classes sans faire d’efforts pour mériter la réussite. On les appelle en langue lingala « Bana ya » (ou Mwana ya, au singulier), pour dire « enfants de ».
Mwana ya… !
Ces étudiants fréquentent rarement la fac, mais à la fin de l’année, leurs noms sont cités parmi les meilleures réussite de l’université. Ils sont même exemptés du paiement de certains frais et de syllabus. Tant pis s’ils n’ont pas été en cours. Ces « étudiants visiteurs » comme on les surnomme n’ont pour mérite et protection à toute intempérie que le fait d’être enfants des puissants de notre société.
Résumons : est appelé « Mwana ya » à Kisangani, tout étudiant ayant un lien familial ou quelconque avec un membre du corps académique ou scientifique. Ou encore qui a un tel lien, parfois un lien économique, avec un décideur à l’université ou en dehors.
« Enrôlement »
Ici, il n’est pas question de la politique. Ce n’est pas la Céni. On « s’enrôle » plutôt pour réussir à une épreuve à l’université. C’est surtout quand on sait qu’on a mal travaillé et que l’enseignant accepte ou veut vous faire réussir moyennant de l’argent. Alors, il faut passer à « l’enrôlement ». C’est-à-dire, se faire enregistrer sur la liste de ceux qui lui apportent des sous.
Dans ce contexte, toutes les deux parties ont des intérêts : l’enseignant qui fait passer la liste d’un côté, et de l’autre, l’étudiant qui inscrit son nom sur une liste et qui donne le montant d’argent fixé par l’enseignant pour réussir.
« P.O » !
On sait que dans les universités « P.O » signifie professeur ordinaire. Ce genre de grands profs expérimentés, avec de l’ancienneté, et respectés de tous. Bon, ce n’est pas comme dans l’administration où l’on signe « P.O » pour dire « par ordre ». Non !
A Kisangani, P.O signifie « passage obligé ». Comment cela se passe ? Plus simple. Que tu sois intelligent ou non, que tu travailles bien ou très mal à l’université : il y a un passage P.O pour tous. J’explique : tu es obligé de payer de l’argent qu’un enseignant exige si tu veux réussir dans son cours.
Bienvenue alors à Kisangani. J’espère que ces mots vous permettront, cher futur étudiant, à savoir sur quel pied danser. Chut ! On ne panique pas. Des enseignants corrects, qui exigent de vous un travail bien fait, des efforts et uniquement le travail bien fait, existent aussi. Alors, n’aie pas peur.
Je suis étudiant à l’Université de Kisangani. Je confirme ces expressions. Sont des pratiques justes et réelles. 2 fois, j’ai été victime de P.O.
Vraiment je manque les mots à dire😩
Oui sûrement vous avez dit la vérité,en savoir que ce n’est pas tout le monde qui passe l’auditoire par la corruption !!!
Nous à L’Unigom c’est pur le contraire de ce que vous êtes là-bas à L’Unikis si tel est le cas!
Yo
J’aime vraiment ça
Merci