Plusieurs naufrages de bateaux et pirogues sur le lac Kivu à l’est de la RDC ont été répertoriés depuis quelques mois. J’ai pu vivre aussi cette expérience, une traversée éprouvante entre Goma et Bukavu.
Dans un petit matin animé de brouillards, je quitte la ville de Goma à 7h30 pour aller à Bukavu. Il faisait ce froid. Ce jour-là, j’ai vécu ce qui ressemblait à l’enfer ! C’est la première fois que je prenais le bateau et voulant économiser un peu d’argent, j’ai pris un bateau au port de Goma qui n’était pas parmi les meilleurs du coin mais l’un des moins chers (7$ le billet).
Conséquence : nous les passagers, nous sommes installés avec les marchandises. Certains s’asseyent sur les caisses vides de bière locale pleines de poussières. Le bateau est plein à craquer !
Fumée et odeurs nauséabondes
Juste à côté, une chèvre noire bêle dans mes oreilles en toute aisance. J’ai l’impression de couler. Au milieu du voyage, le navire s’est mis à tanguer fortement de gauche à droite ! Et alors que la peur et l’inquiétude augmentent, je commence à vomir. C’était presque impossible de se retenir avec la fumée du moteur à diesel qui s’insinuait partout.
En plus, l’odeur était malsaine à bord de ce bateau, car il transportait toutes sortes de marchandises, et des personnes peu recommandables sur le plan de l’hygiène ! J’ai vite compris que payer moins cher, peut coûter plus tard très cher. Tout aurait été différent, si j’avais pris mon billet à 50$ dans un yacht en première classe. Mais je n’avais pas les moyens pour ça.
Dangers imminents…
Le lac Kivu couvre une superficie de 2 700 km2, et a une profondeur de près de 500 mètres. Les vagues et pressions sont importantes même sur un bateau bien chargé. La présence du gaz méthane qui se concentre dans les profondeurs de ce lac partagé entre la RDC et le Rwanda, peut aussi avoir une influence sur la navigation.
L’équipage de ce genre de transport à moindre coût ne respecte pas toujours les règles maritimes de base. Les contrôles ne sont pas vraiment pris au sérieux. Parfois, le poids de la cargaison dépasse la capacité normale de chargement. On ne trouve ni gilets de sauvetage, ni bouées en bon état et en nombre suffisant. Comme on dit à Goma : « Chacun pour soit et Dieu pour tous. »
J’avais donc toutes les raisons d’avoir peur d’un probable naufrage imminent, comme c’est fréquent dans ce lac. J’avais peur d’y laisser ma peau.
En enfer dans un bateau !
Derrière moi, une vieille femme avec un chapelet blanc entre ses doigts a fait le signe de croix sur sa poitrine à plusieurs reprises. Les autres autour commençaient à prier aussi dans différentes langues. Finalement, eux aussi partageaient ma crainte. Alors, j’ai commencé à poser des questions aux voisins. Avant, j’avais honte de le faire de peur d’être traité de trouillarde.
Après avoir quitté ces zones turbulentes, le navire a repris son rythme de navigation comme au départ de Goma. Par chance, après six heures de navigation, on accoste au port de Bukavu. Il faisait frais et le soleil était invisible. Ce n’est qu’une fois les pieds sur la terre ferme, que je me remets à respirer normalement.
C’est ainsi que j’ai passé pendant six heures un enfer sur ce bateau ! C’est inacceptable. Les garanties sécuritaires et de conforts doivent être la priorité sur le lac Kivu. Que les autorités marines prennent leurs responsabilités, car des centaines de vies sont en jeu quotidiennement à chaque embarquement au port de Goma !
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Hello. And Bye.
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