Les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, situées dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), sont des régions marquées par des conflits armés persistants depuis plusieurs décennies. Ces zones sont le théâtre de nombreux groupes armés, chacun ayant des motivations variées, souvent liées à des enjeux ethniques, politiques, économiques et territoriaux.
Voici un aperçu des principaux groupes armés actifs dans ces deux provinces et de leurs motivations :
1. Les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR)
- Origine et motivations : Composées en grande partie d’ex-rebelles rwandais, les FDLR ont été formées après le génocide rwandais de 1994. Leur principal objectif est de renverser le gouvernement rwandais actuel et de revenir au Rwanda. Cependant, leur présence en RDC est également liée à des activités économiques telles que l’exploitation illégale des ressources naturelles et l’extorsion de la population locale.
2. Les M23 (Mouvement du 23 mars)
- Origine et motivations : Le M23 est un groupe armé principalement composé de Tutsis, créé en 2012. Le M23 a émergé à la suite des tensions liées à la rébellion du CNDP (Congrès national pour la défense du peuple) et des accords de paix non respectés. Leur principal objectif est de défendre les intérêts des Tutsis congolais et de lutter contre ce qu’ils perçoivent comme une marginalisation de leur communauté. Ils veulent également un contrôle sur les ressources naturelles de l’est du pays, notamment les mines.
3. Les ADF (Allied Democratic Forces)
- Origine et motivations : Les ADF sont un groupe armé islamiste d’origine ougandaise, ayant émergé dans les années 1990. Bien que leurs motivations initiales étaient de renverser le gouvernement ougandais, leurs activités se sont désormais concentrées sur des attaques terroristes dans l’est de la RDC. Ils sont responsables de nombreuses atrocités, y compris des massacres, des enlèvements et des attaques contre les civils. Ils ont des liens avec des groupes terroristes islamistes, notamment le groupe État islamique (EI).
4. Les groupes Mai-Mai
- Origine et motivations : Les Mai-Mai sont des milices locales souvent créées en réaction à l’occupation étrangère ou à l’insécurité. Leur origine est diverse, et chaque groupe Mai-Mai peut avoir des objectifs différents. Certains cherchent à défendre les communautés locales contre les groupes armés étrangers ou les forces gouvernementales, tandis que d’autres sont motivés par des intérêts économiques, notamment le contrôle des ressources naturelles. Les motivations ethniques sont aussi souvent en jeu, car certaines milices se forment autour de groupes ethniques spécifiques.
5. Les Nyatura
- Origine et motivations : Les Nyatura sont principalement composés de Hutus congolais. Ils sont actifs dans la province du Nord-Kivu et ont été créés pour lutter contre les Tutsis, en particulier à cause des tensions ethniques remontant au génocide rwandais et aux événements qui ont suivi. Ils sont souvent en conflit avec les M23, qui, eux, sont principalement composés de Tutsis. Leur objectif principal est de défendre les Hutus et leurs intérêts, mais certains se livrent également à des activités criminelles.
6. Les Raïa Mutomboki
- Origine et motivations : Il s’agit d’un groupe armé formé par des communautés locales de l’Ituri, notamment les Lendu et les Hema. Les Raïa Mutomboki sont souvent motivés par des conflits territoriaux et ethniques, en particulier dans les zones où les Lendu et les Hema se disputent les terres et les ressources naturelles. Ils sont responsables de violences contre des groupes ethniques rivaux et sont souvent associés à des pratiques de vengeance.
7. Les groupes armés locaux
- Origine et motivations : En plus des groupes plus connus, de nombreux groupes armés locaux, souvent appelés « autodéfenses », sont actifs dans l’est de la RDC. Ces groupes sont souvent motivés par des besoins de sécurité locale et de défense contre les groupes rebelles ou les forces gouvernementales. Cependant, certains sont aussi impliqués dans des activités criminelles, comme le trafic de ressources naturelles, les extorsions et les kidnappings.
Facteurs sous-jacents des conflits :
- Ressources naturelles : Les zones riches en minéraux comme le coltan, l’or, et le diamant dans l’est de la RDC ont attiré des groupes armés cherchant à prendre le contrôle de ces ressources pour financer leurs activités.
- Tensions ethniques et politiques : Les conflits ethniques entre groupes comme les Hema et les Lendu (Ituri) ou les Tutsis et les Hutus (Nord-Kivu) exacerbent les violences et la formation de milices.
- Interventions étrangères : Les voisins de la RDC, notamment le Rwanda et l’Ouganda, ont parfois soutenu ou ont été accusés de soutenir certains groupes armés dans un but d’influence géopolitique, ce qui complique davantage la situation.
- Manque de présence de l’État : L’absence de l’État central dans ces régions éloignées a permis la prolifération de groupes armés, qui bénéficient de l’impunité et du manque de sécurité.
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