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Lettre à mon oncle : faisons parler les ancêtres pour la paix !

Cher oncle,

Je t’écris depuis l’ombre d’un arbre dans une forêt. Une forêt devenue ma seconde maison. Encore une nuit loin de mon village, encore une fuite, encore une peur qui m’oppresse. Je n’ai jamais connu autre chose que les cris, la fuite et la haine. Mon enfance, si on peut l’appeler ainsi, est marquée par des villages incendiés, des corps abandonnés sur le chemin et des murmures de vengeance qui traversent les esprits, tel un poison lent, mais fatal.

Oncle, je t’écris parce que je crois en ta sagesse. Tu es le gardien des savoirs anciens ; tu es celui qui parle aux ancêtres et qui comprend le langage des esprits. Toi qui connais les forces invisibles qui régissent nos destins, ne vois-tu pas que notre peuple se consume dans un cycle de violences et de représailles sans fin ?

Ils disent que les autres ethnies sont nos ennemis, qu’elles nous persécutent et que nous devons nous venger. Mais dis-moi, oncle, qu’avons-nous gagné à répondre au feu par le feu ? Nos champs sont abandonnés, nos maisons détruites, nos enfants grandissent dans la peur. Chaque soir, je me demande si l’aube sera mon dernier matin. Chaque soir, je rêve d’un village où l’on ne craint pas le voisin, d’un marché où les rires des enfants remplacent les cris de douleur.

Toi qui connais les rituels de purification, peux-tu intercéder pour nous ? Ne peut-on pas invoquer nos ancêtres pour qu’ils apaisent les cœurs au lieu de les enflammer ? Les forces de la nature, que tu maîtrisais si bien lorsque j’étais enfant, peuvent-elles nous aider à détruire ces murs de haine que nous avons érigés entre nous ?

On dit que nos traditions sont puissantes, qu’elles peuvent guérir les maux du corps et de l’âme. Alors, servons-nous de cette puissance pour guérir notre peuple. Rassemblons les chefs de clan, les anciens et les sages. Organisons des cérémonies, non pas pour la vengeance, mais pour la réconciliation. Enseignons aux jeunes que la valeur d’un homme ne réside pas dans le nombre de ses ennemis abattus, mais dans sa capacité à préserver la vie.

Je ne veux plus fuir, oncle. Je ne veux plus entendre les pleurs des mères en deuil. Je veux croire que nous pouvons briser ces chaînes de violence qui nous étouffent. Toi qui possèdes la parole qui guérit, prononce les mots qu’il faut. Nous avons assez souffert.

Que les tambours de la paix résonnent plus fort que les cris de guerre.

Ton neveu, assoiffé de paix.

 

 

*Ce contenu de sensibilisation est produit dans le cadre du ‘’Peace Project’’, un projet de paix mené dans l’est de la RDC, notamment dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, en partenariat avec l’ONG néerlandaise Mensen Met Een Missie (MMM). Ensemble, nous encourageons les communautés à adopter et à partager davantage de récits alternatifs et inclusifs, afin de promouvoir la paix sociale, le dialogue et le vivre-ensemble. Cette initiative s’oppose aux discours de haine, à la manipulation et à la violence, qui fragilisent le tissu social.

 

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