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A Lubumbashi, comme à Kinshasa, confinement veut dire s’entasser

Centre-ville de Lubumbashi, jeudi 16 avril. la ville tourne à plein régime. Le trafic est intense, place de la Poste. Le lieu grouille de monde, les taxis avec leur lot de crieurs en quête des passagers attendent les clients. Magasins, sociétés privées, badauds, passants… il y a du monde. Ici, le Covid-19 est banalisé.  

Les jours de stress semblent bien derrière les Lushois (habitants de Lubumbashi). Il y a un mois, une alerte aux cas testés positifs d’après le résultat des tests rapides à l’aéroport de Lubumbashi, a tout précipité sur le Covid-19 en RDC.

Dans un taxi, poussez-vous !

Trois passagers en provenance de Kinshasa à bord d’un avion de Congo Airways avaient présenté des résultats positifs au Covid-19. Les autorités du Haut-Katanga ont ensuite décidé d’un confinement total durant 48 heures sur toute l’étendue de la province.

Cette décision a contraint les autorités nationales, qui ne se pressaient pas encore à réagir contre l’épidémie, à passer à la vitesse supérieure. Fermeture des frontières nationales, suspension donc des vols internationaux puis nationaux des passagers, etc.

Mais trois semaines après la proclamation de l’état d’urgence par le président Félix Tshisekedi, les mesures de confinement battent de l’aile. Non seulement dans la capitale où les autorités ne savent pas retenir quelques 13 millions d’habitants chez eux, mais aussi dans toutes les grandes villes comme Goma, Mbujimayi et Lubumbashi. 

Puisque les habitants ne peuvent pas, en réalité, rester plus de 3 jours enfermés chez eux. Ils doivent chaque jour sortir effectuer de petits travaux, pour la majorité, en vue de trouver des moyens de subsistance.

Les marchés restent bondés

Un petit tour au marché Mzee Laurent-Désiré Kabila (marché Lunsonga), situé au centre-ville de Lubumbashi, révèle une situation plutôt surprenante. Vendeurs et acheteurs se passent des appels incessants à la distanciation sociale.

Les rues sont bondées de gens. Et les passages restent toujours aussi encombrés que d’habitude. Des aliments comme des poissons frais, fumés ou salés, ainsi que des légumes, sont étalés par terre. Des vendeurs sont eux aussi assis à même le sol, parfois.

Il faut compter aussi le fait que pour s’assurer que chacun ait sa chance de vendre ses biens, il doit crier pour appeler les passants ou les potentiels acheteurs. « C’est Dieu qui nous protège. Pensez-vous que les gens qui meurent en Europe ont contracté le coronavirus dans les aliments impropres ? Tout est pourtant propre chez eux », lance une jeune femme, visiblement au courant de la portée mondiale du Covid-19.

Non loin de là, place de la Poste, des crieurs appellent des passagers. Deux personnes s’engouffrent dans un taxi. Elles occupent les sièges arrière. Une troisième arrive, et prend place à côté d’elles. Bientôt le conducteur démarre la voiture, sous l’oeil d’un agent de police de roulage affecté sur le lieu.

Pourquoi fermer les restaurants et ouvrir les marchés populaires ?

Le conducteur vient de lui glisser un billet de 1000 francs congolais dans la main, quand un de 2 passagers sur le siège arrière l’interpelle. « Les autorités ont pourtant ordonné que les taxis ne prennent que 2 personnes derrière ! », lance un des passagers.

D’un signe moqueur de sa main gauche, il lui montre la portière pour dire qu’il peut sortir. Silence dans le taxi. Le policier s’est entre-temps déplacé vers un autre taxi sur le point de démarrer.

A mi-parcours, alors que les passagers continuent d’interpeller le conducteur du taxi sur les risques de son acte pour lui et pour la communauté, le passager monté en dernier dans le véhicule, sort de son silence.

Il est gêné de se trouver à l’origine de l’embrouille, et soutient qu’on meurt tous les jours des choses plus graves que le Covid-19. Mais il interpelle les autres passagers sur les contradictions observables dans les discours et actions censés lutter contre le Covid-19.

« Avez-vous été dans les marchés? Il y a plein de monde : les gens s’entassent. Y compris dans les arrêts de bus. Les bars fonctionnent en secret, les autorités le savent. Curieusement, on vient interdire 4 passagers dans un taxi, et on ferme les restaurants où rarement les gens s’entassent. Qu’est-ce qu’on fait à la fin ? », interroge-t-il, tout en colère.

Covid-19 : les défis de la lutte

Ce débat auquel j’ai assisté, résume la complexité de la situation autour de la crise de Covid-19. A Kinshasa, par exemple, beaucoup de voix s’élèvent, y compris dans l’équipe de riposte contre l’épidémie, pour demander plus de mesures de protection. On parle des gestes-barrières : confinement total, distanciation sociale, lavage des mains, etc.

Or, à ce jour, seule la commune de Gombe, sur les 24 que compte la capitale congolaise, est en confinement total. Les autres communes, pendant ce temps, continuent dans l’ambiance de toujours.

À Lubumbashi, certains habitants portent des masques. Puisque les encombrements continuent dans le chaudron de la capitale. Bien plus, indiquent les sources officielles, les autres communes de Kinshasa sont toujours sous haute menace. D’ailleurs, d’après l’équipe de riposte, 24 des 35 zones de santé que compte la capitale Kinshasa seraient déjà touchées par le coronavirus.

Les zones de santé comme Ngaliema, par exemple, constituent un des épicentres identifiés de la maladie. Si l’on ne prend garde, la RDC pourrait connaître une situation pire encore que tout ce qui a été enregistré à ce jour. Jusqu’à samedi 18 avril, le pays comptait déjà plus de 300 cas confirmés de Covid-19 dont 23 décès. La maladie à déjà touché 5 provinces, et le risque d’expansion demeure.

 

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Les commentaires récents (2)

  1. Il fallait s’y attendre ! Le Congolais est une bête difficile à maîtriser pendant longtemps !