Lubumbashi a vibré au rythme des contestations réprimées dans le sang par l’armée et la police, le 20 et le 21 décembre 2016. Les manifestants demandaient le départ de Joseph Kabila après l’expiration de son dernier mandat constitutionnel. Jean-Chrysostome Tshibanda était près de Matshipisha, incapable de sortir de chez lui à cause des violences.
Bien avant la date fatidique du 19 décembre, j’avais constaté le déploiement insolite d’un impressionnant dispositif militaire à la cité des travailleurs de la Gécamines, à l’ouest de Lubumbashi, mais à l’entrée de la commune de Katuba.
Policiers et militaires avaient même installé une sorte de caserne à l’arrêt des bus Matshipisha, point chaud des protestations, situé à côté de l’un des bureaux de l’UDPS. Leur quartier général s’est vite mué en un centre de tracasseries, inventant des infractions et percevant des amandes de l’ordre de 50.000 francs, environ 42 USD.
Moins de violences le 20 décembre que le jour suivant
Le 20 décembre, dès le matin, les manifestants contre le maintien de Joseph Kabila au pouvoir et les « forces de l’ordre » (qui n’ont pas d’autre mot d’ordre que la force) se sont provoqués. Les manifestants ont brûlé des pneus, jeté de pierres pendant que les soldats larguaient du gaz lacrymogène. Puis des coups de feu ont ponctué nos journées.
Mais le 21 décembre, n’a eu rien de pareille à cette ambiance compréhensible en contexte de protestations. Des violences ! Difficile d’aller à l’école, au travail et au marché. Ceux qui ont tenté de s’y rendre ont été saisis de peur et sont vite rentrés chez eux.
Un mercredi meurtrier à Lubumbashi
Les militaires se sont déployés à travers la cité des travailleurs, la Gécamines. Ils ont battu à mort un homme, fautif de les avoir seulement filmés à l’aide de son smartphone. On voit bien pourquoi les autorités détestent les réseaux sociaux et internet !
A divers endroits, des militaires ont aussi tiré à bout portant sur la foule. Il y aurait eu 16 morts selon les manifestants, deux, selon les autorités locales.
Même des élèves en uniforme ont été interpellés et mis en garde à vue sur place… jetés par terre. Une jeune fille, prise de peur en entendant des coups de feu s’est évanouie en pleine route. Mais la population ne s’est pas lassée de provoquer les militaires, de les agonir d’injures, de leur lancer des pierres, de brûler des pneus, de barrer la route nationale numéro 1 qui mène à la cité frontalière de Kasumbalesa.
Des manifestants n’ont pas peur
Dans la commune de Katuba, des policiers ont pris la fuite devant les manifestants en colère. Aussi ont-ils incendié le commissariat de la police, de même que le bureau de la SONAS (Société nationale d’assurances). Certains voulaient même brûler une station essence attribuée à la mère du président Kabila !
A Lubumbashi, j’ai vu une population qui n’avait plus peur de mourir, des jeunes et des adultes qui affrontaient l’armée jadis crainte.
Ce que je retiens de ces troubles, c’est que les dirigeants sont injustes avec la population qui manifeste. L’Etat ne fait rien contre les rebellions ADF et FDLR qui tuent chez nous au Kivu et dans l’Ituri mais réprime férocement son peuple. Non, ne venez plus parader avec vos chars à Lubumbashi, il n’y a pas de guerre. Allez montrer vos gros biceps là où il y a des ennemis.