L’élection des membres du bureau définitif de l’Assemblée nationale de la RDC m’a laissé un goût amer. Peut-on réellement parler d’élection lorsque, pour six postes de la coalition FCC-Cach, il y a eu un candidat unique pour chacun de ces postes, soit six candidats en tout, face un total de 385 députés membres de cette coalition ?
Si Jean-Marc Kabund, l’actuel président de l’UDPS élu vice-président de la nouvelle Assemblée nationale, était toujours dans l’opposition, aurait-il accepté de faire partie du bureau ainsi constitué ? Aurait-il manqué de hausser le ton et de s’insurger contre le refus de tenir compte de l’élection (tardive) de 13 nouveaux députés à l’est du pays ?
Du compromis à la compromission ?
A l’Assemblée nationale, tout le monde dit se référer au règlement intérieur de l’institution et à la Constitution de la RDC. J’en perds mon latin. La Constitution est devenue, comme la Bible, en effet, un ensemble de textes que chacun peut interpréter à sa manière, en tirant le drap de son côté. La citer dans ces conditions ne garantit plus grand’chose quant à son respect. Puisqu’au sujet de la désignation des membres du bureau de l’Assemblée nationale, le principe de compétition a été foulé au pied. Encore quand on considère la disqualification de la candidature du député Thomas Lokondo qui, décidé d’ignorer les pressions de la majorité parlementaire, a surpris tout le monde en renonçant finalement à la course.
Tout accord politique suppose certes des concessions de part et d’autre. Mais des compromis à la compromission, on sait que le pas peut être vite franchi et j’ai bien peur que ce ne soit bien le cas pour le président de l’UDPS.
Coalition FCC-Cach : un marché de dupes ?
La coalition FCC-Cach a le mérite d’avoir probablement évité les violences à l’issue de la présidentielle de 2018. Mais elle reste un mariage contre nature qui a permis au FCC de Joseph Kabila de garder le contrôle sur les nouvelles institutions. Surtout, il peut à tout moment bloquer des actions du chef de l’Etat si elle n’est pas d’accord avec. Le nouveau président de la RDC, Félix Tshisekedi, marche ainsi sur des œufs. Nous ne pouvons que lui souhaiter bonne chance. Nous devons lui souhaiter bonne chance, devrais-je dire. Il en va du bien de ce pays qui n’a que trop longtemps souffert.