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La machine à voter n’inspire pas confiance

L’opposition et une bonne frange de la population ne font pas confiance à la machine à voter. Nos doutes sont fondés sur des éléments crédibles qui méritent d’être examinés avant de nous convaincre de poser nos doigts sur cette machine pour élire nos futurs représentants.

Dans une interview publiée le 31 mars 2018 sur Habari RDC, l’expert sénégalais en matière électorale Paul Ndiaye, a donné son point de vue en présentant selon lui cinq raisons de recourir à la machine à voter. Je l’en félicite ! Cependant, je ne suis pas d’accord avec ces cinq raisons qu’il avance. Loin de moi l’idée de me faire passer pour un autre expert en matière électorale. Je parle comme un citoyen congolais qui craint pour l’avenir de son pays. Moi aussi, je pense avoir de bonnes raisons de ne pas faire confiance à cette machine à voter. Voici pourquoi.

De tous les cinq points évoqués par l’expert Paul Ndiaye, absolument aucun ne nous prouve comment, grâce à cette machine, la Céni éviterait les cas de fraudes électorales qui pourraient survenir. Notre position est confortée par des cas de piratages électoraux intervenus dans d’autres pays qui ont eu recours à ces fameuses machines bien avant nous.

Suspicion en Suisse et au Canada

Les fraudes sont bel et bien possibles avec la machine à voter. Pour preuve, dans cette vidéo publiée par la télévision française ITélé, un geek néerlandais explique comment pirater une machine à voter. On y voit une machine afficher les résultats piratés à la place des résultats réels. Ce Néerlandais n’est pas le seul. Remarquez que des cas de piratage de machines électroniques lors des élections ont été enregistrés même aux États-Unis, pays de toutes les technologies et sécurité numériques.  

Si la machine est aussi transparente qu’on le prétend, la Céni devrait utiliser les moyens de communication les plus efficaces pour en expliquer le fonctionnement, plutôt que de réunir juste un petit groupe de journalistes autour d’un expert. Elle peut utiliser les réseaux sociaux, la télé… ou même penser à des journées portes ouvertes pour nous rassurer vraiment que ces machines sont dignes de confiance. Or jusqu’à présent, nous assistons à une gestion occulte de ces machines, gestion réservée aux seuls initiés, formés par des experts. Dans le cas présent, un expert sénégalais.

Par ailleurs, j’ai une question : le Sénégal a-t-il déjà utilisé la machine à voter ? À ma connaissance, jamais ! Alors, comment donc un expert sénégalais serait devenu la personne indiquée pour montrer aux Congolais l’importance de la machine à voter, lorsque lui-même ne l’a jamais utilisée dans son pays ? Ne proposez pas aux Congolais ce que vous ne conseilleriez pas aux Sénégalais. Je me demande aussi si son expertise serait plus avancée que celle des États-Unis, le Canada et la Suisse réunis qui, en décembre 2017, ont présenté leurs inquiétudes quant au recours à la machine à voter.

Difficultés techniques

Poursuivant son interview, l’expert sénégalais nous conseille « l’utilisation multiple de la même machine ». Il précise : « Les machines à voter peuvent servir pour plusieurs cycles électoraux après leur première utilisation. » Ah bon ! Comment espérer qu’elles servent pour plusieurs cycles électoraux alors qu’à un simple test au Parlement celles-ci ont connu une panne paralysant toute la démonstration. Si là au Parlement, sous un climat doux et serein, la machine à voter a grippé, comment fonctionnera-t-elle quand ce sera dans des territoires reculés comme Libenge, Dimbelenge ou Kilambo ? Et ces autres villages où l’accès est plus difficile ? Qu’arrivera-t-il si pareilles pannes surviennent en plein vote dans le Congo profond à 2000 km de Kinshasa ?

En tout cas, sans être nécessairement un expert, je déconseille l’usage de la machine à voter.

 


Vous pouvez lire aussi : Cinq raisons de recourir à la machine à voter en RDC

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