Sous un soleil accablant ou au crépuscule ; un jour de la semaine ou le dimanche ; gratuitement ou moyennant des sommes misérables… Ainsi se mobilisent les citoyens d’un pays qui stagne depuis 56 ans, au cœur d’une Afrique qui tarde à rattraper les pronostics de son bel avenir.
Le ton monte entre la majorité politique et l’opposition en RDC. Pourtant si dans ce spectacle aux allures de la Battle, chacun se dit « diffèrent », les similitudes sautent aux yeux.
D’un côté ou de l’autre, les gènes du mobutisme et du kabilisme n’ont pas disparu bien que les deux se réclament de Lumumba ou des nationalistes libéraux et socialistes. Mais pire, des gens quittent l’opposition et entre dans la majorité pour ensuite revenir dans l’opposition.
Dans chacun des camps, on aime aussi pointer du doigt « l’ingérence extérieure» ! Kabila l’a dit dans plus d’un discours. Mende, le porte-parole du gouvernement, le répète chaque fois que la communauté se prononce sur la RDC. Steeve Mbikayi, qui se réclame de l’opposition républicaine, le dit souvent quand ses collègues sont invités dans un programme à l’extérieur du pays tandis qu’Etienne Tshisekedi, le leader de l’opposition, a tenu des propos similaires lors de son récent discours ! Pourtant, tous ont d’une façon ou d’une autre eu besoin de cette mamelle « étrangère ».
Des jumeaux qui crient « yebela » et « wumela »
Chaque partie a organisé sa pétition : l’une milite pour le « ne touche pas à ma Constitution » et l’autre demande un référendum constitutionnel. Ces deux initiatives étant passées, ce fut le tour des interprétations d’articles devant la Cour Constitutionnelle. Chacun affûtait alors ses armes pour saisir ladite Cour ! Même quand l’opposition savait la bataille perdue d’avance elle s’y accrochait. Et tous ont finalement trouvé un slogan : « wumela » pour les uns et « yebela » pour les autres !
Les événements récents démontrent le parallélisme opposition/majorité avec éloquence. La majorité improvise ses activités et ses meetings en marge de celles de l’opposition, souvent aux mêmes dates.
La mobilisation, au stade vélodrome de Kintambo à Kinshasa, pour les 45 ans d’âge de Joseph KABILA, a été organisée en réalité pour prouver que la marche de l’opposition, ayant eu lieu quelques jours avant, avait faiblement mobilisé. Même scénario le 29 juillet au stade Tata Raphael pour la majorité et le 31 juillet pour le Rassemblement pro changement (opposition et société civile). Chacun fait son meeting afin de démontrer ses forces, puis viennent les polémiques concernant les chiffres comme à l’époque des célèbres musiciens JB et WERA.
Pourquoi ces deux groupes s’accrochent-t-ils ainsi ? Tout porte à croire que comme des jumeaux, ils veulent porter les mêmes habits, se coiffer de la même manière. Mais le refrain qui consiste à vouloir démontrer qu’ils ont un programme différent sonne faux.
Les faits…
Aucun parti politique ne fonctionne sur des bases démocratiques en interne. Ils disposent tous d’une « autorité morale » qui ne répond de rien et qui dirige son parti comme bon lui semble.
Alors que beaucoup de Congolais aspirent à un grand changement, la déception guette la naïveté, car « les faits ne cessent pas d’exister parce qu’on les ignore » disait Aldous Huxley !
Les dirigeants politiques congolais sont appelés à changer de cap s’ils veulent notre confiance. Le Congo a besoin plus que jamais d’un leadership alternatif.